Les Champs-Elysées ont été bloqués, jeudi 20 avril, après l’attaque visant des policiers. | THOMAS SAMSON / AFP

« Ce n’est pas une bonne nouvelle, se désole François Delahaye, directeur général du Plaza Athénée. C’est évident que cela va avoir un impact très négatif sur les réservations à venir. » La fusillade survenue, jeudi 20 avril, sur les Champs-Elysées, est « un mauvais signe », enrage le patron de l’un des plus prestigieux palaces parisiens. Pour les professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, ce nouvel attentat a été perpétré au pire moment. « Cela commençait à repartir. Depuis janvier, la tendance était à la hausse. Mars et avril ont été deux bons mois avec un taux d’occupation d’environ 70 %. C’était encourageant pour les beaux jours, pour la saison d’été », déplore M. Delahaye.

Les professionnels s’inquiètent pour l’image de la capitale. « Les Champs-Elysées, c’est symbolique », pointe Christophe Laure, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie Prestige, le syndicat des palaces. L’avenue est l’une des plus fréquentées au monde, avec 300 000 personnes au quotidien et 100 millions chaque année. « Les touristes étaient revenus sur les Champs-Elysées et [cette attaque] va probablement affecter l’activité », observe Jean-Noël Reinhardt, président du Comité Champs-Elysées qui regroupe les commerçants de l’avenue. Après l’attentat du Bataclan, en novembre 2015, ils avaient perdu 20 % de leur chiffre d’affaires. « Il est certain qu’avec la force médiatique des images où l’on voit, tous ces effectifs policiers avec en fond l’Arc de triomphe, un touriste qui hésitera entre Paris et Barcelone, choisira Barcelone », estime Florian Poirson, responsable de Association des commerçants des hauts du 8e arrondissement de Paris (ACH8).

« Nous sommes inquiets des conséquences qu’il va y avoir sur Paris. Nous avons eu beaucoup de difficultés ces dernières années et les commerçants étaient un peu plus optimistes car les touristes recommençaient à venir, même les Américains et les Chinois », déclare Franck Sabet, responsable de l’Association des commerçants du quartier de Ternes/Saint-Honoré. Ils commençaient même à se frotter les mains avec une croissance de près de 15 % au premier trimestre. Encore loin de compenser les pertes des années précédentes. En 2016, le tourisme à Paris et en Ile-de-France avait perdu 1,4 milliard d’euros sur un chiffre d’affaires total annuel de 15 milliards d’euros.

Christophe Laure garde néanmoins espoir : « Les affaires reprennent malgré les deux tentatives d’attentat au Louvre, le 3 février, et à l’aéroport d’Orly, le 18 mars, qui n’ont pas eu de répercussions sur la fréquentation ». Au premier trimestre 2017, la fréquentation est en hausse de près de 14 % par rapport à 2016. De retour d’un voyage d’affaires en Asie, il note que « Paris est de nouveau sur la carte. Nous commençons à revoir les touristes asiatiques, en loisirs comme en affaires ».

Ce nouvel attentat pourrait aussi affecter le regain des grands magasins. Comme les palaces, ils avaient bénéficié du retour de leur clientèle. Les Galeries Lafayette attirent chaque année plus de 35 millions de personnes, dont 50 % de clients étrangers. La fusillade des Champs-Elysées risque de plomber la saison d’été, pic de fréquentation et de chiffre d’affaires de l’enseigne. Après les attentats de novembre 2015, ses ventes avaient dévissé de « 10 à 15 % » en 2016, précise une porte-parole du magasin qui réalise environ 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.