A Ivry, un centre pour les femmes et les familles migrantes
A Ivry, un centre pour les femmes et les familles migrantes
Par Maryline Baumard
Le centre d’accueil des familles migrantes ouvre ses portes aujourd’hui. Une pièce de plus dans le dispositif d’accueil parisien réhaussé pour l’heure d’un volet « grand froid ».
Le centre d’Ivry-sur-Seine le 16 janvier. | BERTRAND GUAY / AFP
C’est l’étape numéro 2. Le centre d’hébergement Paris-Ivry destiné aux femmes et aux familles de migrants ouvre ses portes jeudi 19 janvier. 91 places sont prêtes, première tranche d’un ensemble qui pourra héberger 400 personnes à la mi-mars. « C’est un lieu qualitatif avec une école intégrée et un dispositif de soins », commente Aurélie El Hassak Marzorati, directrice adjointe d’Emmaüs Solidarité, en faisant visiter les grandes chambres familiales.
Le centre d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) est une pièce du dispositif global d’accueil des migrants dans la capitale. Les familles n’y viendront pas directement mais devront passer par le premier accueil, le fameux centre humanitaire qui a ouvert ses portes boulevard Ney, dans le 18e arrondissement, en novembre 2016.
Si tous les migrants y passent, les hommes non accompagnés sont les seuls à rester sur ce site qui en héberge 400. Les familles, hier dirigées vers des hôtels sociaux ou des centres d’accueil et d’orientation (CAO) spécifiques, prendront désormais la direction d’Ivry. « Depuis novembre, 129 femmes isolées, 70 couples et 76 couples avec enfants sont entrés dans notre dispositif d’hébergement », note-t-on chez Emmaüs, en observant une accélération des arrivées de ce public depuis le début d’année. Si les hommes ne restent qu’une dizaine de jours dans le centre humanitaire, les familles, elles, pourraient y demeurer plusieurs mois avant de reprendre leur parcours migratoire.
« Un gymnase pour les jeunes »
Cette ouverture ne résout pas pour autant tous les problèmes auxquels Paris est confronté, deux mois après l’ouverture de son centre. Afin de ne pas l’engorger, le nombre d’entrées quotidiennes doit être identique au nombre de rendez-vous que la préfecture donne chaque jour pour la vérification du statut administratif de chaque exilé. Or, comme 50 personnes seulement peuvent être reçues, quand bon an mal an 70 réfugiés arrivent dans la capitale chaque jour, une vingtaine d’hommes et de femmes sont laissés dehors.
Mardi matin 17 janvier, un groupe d’exilés a forcé l’entrée du centre du boulevard Ney, jugeant trop inhumain de rester devant un espace humanitaire par des températures négatives. Le soir, pour la première fois, un dispositif spécifique d’hébergement d’urgence a été mis en place pour ce public. « Nous avons installé des lits pour 70 d’entre eux sous la bulle d’accueil. En plus, nous avons ouvert un gymnase pour les nombreux jeunes, afin de compléter les 250 places que nous leur offrons en hôtel. Et puis, parce qu’il restait encore des besoins non satisfaits, une centaine de lits ont été réservés à la Boulangerie, un centre d’hébergement bien connu des sans-domicile », rappelait-on à la Mairie de Paris, mercredi.
En définitive, toutes les places proposées n’ont pas été occupées, alors même que selon les soutiens parisiens, une centaine de migrants auraient dormi dehors dans la nuit de mardi à mercredi. Et ce en dépit d’une maraude spécifique des pouvoirs publics (afin de signaler à chaque sans-domicile les places disponibles) et des initiatives de Parisiens qui, via les réseaux sociaux, avaient proposé une chambre vacante ou un canapé. Selon Agathe Nadimi, bénévole très engagée auprès des mineurs parisiens, « tous les migrants n’ont pas dormi au chaud dans la nuit de jeudi à vendredi ». Problème d’adéquation du dispositif ou volonté de certains de rester près du centre humanitaire ? La question reste ouverte.
Le cabinet du préfet de région, Jean-François Carenco, rappelait mercredi que 9 000 migrants sont aujourd’hui hébergés dans 89 structures en Ile-de-France. L’objectif affiché par le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, en début de semaine, qu’« aucun sans-domicile ne dorme dehors » quel que soit son statut administratif, serait donc devenu possible par cette période de grand froid et de primaire socialiste. Cet hébergement « restera ouvert le temps nécessaire », ajoutait-on à la préfecture de région.
A Calais, en revanche, les mineurs qui tentent leur chance vers la Grande-Bretagne risquent chaque nuit l’hypothermie alors que les conteneurs qui ont accueilli 1 500 personnes au temps de la « jungle » restent vides. La visite de Bruno Leroux à Calais cette semaine a été ajournée. De même que la remise en place d’un dispositif d’accueil humanitaire. La promesse en avait été faite par son prédécesseur, Bernard Cazeneuve, au lendemain de l’évacuation du plus grand bidonville de France.
Le plan grand froid se met en place à Lyon et Chambéry