NBA : la légende « Magic » Johnson de retour aux Los Angeles Lakers
NBA : la légende « Magic » Johnson de retour aux Los Angeles Lakers
Par Clément Guillou
L’ancien meneur, quintuple champion avec les Lakers, est le nouveau patron sportif d’une franchise californienne en perdition. Et s’active déjà.
Pour mener la révolution dont avaient besoin les Los Angeles Lakers, il fallait une figure incontestable. C’est sans doute ce que s’est dit la propriétaire de la franchise, Jeanie Buss, en nommant mardi 21 février au poste de « directeur des opérations basket-ball » l’icône de la franchise, Earvin « Magic » Johnson.
I have high expectations for myself, this team and our organization. The @Lakers are about winning and I'll work ha… https://t.co/cxrKFQ8WO4
— MagicJohnson (@Earvin Magic Johnson)
Johnson a fait toute sa carrière NBA sous le maillot des Lakers, de 1979 à 1991, puis pour quelques semaines en 1996. Il y a remporté cinq titres NBA et trois trophées de meilleur joueur (MVP). Il y a moins de trois semaines, il avait déjà été nommé conseiller de la présidente.
Les Lakers, orphelins de Kobe Bryant, qui a pris sa retraite à la fin de la saison dernière, n’ont gagné que 19 matchs cette saison et n’ont plus fréquenté les playoffs depuis quatre ans et la mort du propriétaire historique Jerry Buss.
Sa fille Jeanie a intronisé Magic Johnson à la place de son propre frère Jim Buss, qui garde un rôle d’actionnaire minoritaire mais n’aura plus la main sur la vie de la franchise.
« J’ai probablement trop tardé », dit la présidente
« C’était une décision tellement dure à prendre que j’ai probablement trop tardé, a dit Jeanie Buss à la chaîne de télévision des Lakers. Je m’en excuse auprès des supporteurs des Lakers. J’ai parlé avec Earvin : il fallait changer quelque chose, donner de la clarté et une direction. Le statu quo n’était pas acceptable. Ce n’était pas du basket digne des Lakers. »
Elle a aussi licencié le general manager (« directeur général ») Mitch Kupchak, chez les Lakers depuis trente-cinq ans sans interruption, en tant que joueur puis dirigeant. A la place duquel Magic Johnson a nommé Rob Pelinka, selon plusieurs médias américains. Rob Pelinka est l’ancien agent de Kobe Bryant et l’actuel de la star des Houston Rockets James Harden. Il devra renoncer à ses activités actuelles avant d’entrer en fonction.
Par ailleurs, Magic Johnson a dirigé son premier transfert d’envergure à la veille de la clôture du marché, en envoyant son expérimenté et très demandé « sixième homme » (premier remplaçant), Lou Williams, aux Houston Rockets, en échange de l’ailier Corey Brewer et d’un choix supplémentaire au premier tour de la prochaine draft (sélection des meilleurs jeunes).
« Magic » Johnson a fait toute sa carrière sous le maillot des Lakers, de 1979 à 1991 puis en 1996. | ROBERT LABERGE / AFP
« Je reviens dans la franchise que j’aime. Le timing est le bon. Il était temps de mettre de côté mes affaires et de me concentrer sur les Lakers », s’est réjoui Magic Johnson.
Homme d’affaires
L’ancienne star a également confirmé l’entraîneur en place. Luke Walton, dans sa première année en tant qu’entraîneur principal, avait très bien commencé la saison. Mais, à la tête d’une équipe très jeune, il n’a pu enrayer le déclin des Lakers entamé depuis les deux titres d’affilée conquis en 2009 et 2010. La faute à des choix hasardeux faits par Mitch Kupchak et Jim Buss, qui en payent le prix aujourd’hui : le recrutement à vil prix de Dwight Howard et Steve Nash, qui ne se sont jamais imposés à Los Angeles, a durablement affaibli la franchise.
Elle conserve cependant une aura mondiale et a désormais un noyau de jeunes joueurs talentueux (D’Angelo Russell, Julius Randle, Brandon Ingram, Jordan Clarkson) qui pratique un basket spectaculaire… quoi qu’inefficace.
Depuis la fin de sa carrière, Johnson a investi avec succès, notamment dans le sport à Los Angeles. Il a été actionnaire des Lakers puis a acquis des parts dans l’équipe de base-ball des Dodgers, l’équipe féminine de basket-ball les Sparks, et l’équipe de soccer (« football » en anglais) Los Angeles Football Club, qui intégrera la Major League Soccer en 2018.
Il était jusqu’à l’an passé vice-président des Lakers, un titre purement honorifique qu’il a abandonné à force de critiquer en public Jim Buss et les précédents entraîneurs de l’équipe. Depuis, il a refusé, assure-t-il, des rôles aux Golden State Warriors, aux Detroit Pistons et aux New York Knicks.
« Je suis “control freak” »
Son image est demeurée très bonne dans la cité des Anges mais son franc-parler, sur Twitter et dans les médias, pourrait lui coûter, désormais qu’il est patron sportif de la franchise. A la question de savoir quelle serait sa méthode, Magic Johnson a répondu mardi soir aux journalistes suiveurs des Lakers :
« Vous ne savez pas que je suis “control freak” ? On n’arrive pas là où je suis sans l’être. Je vais m’assurer de définir une stratégie, de donner le ton. Chacun aura un rôle bien défini. »
Quant à son équipe, Johnson a assuré qu’il n’était pas question de laisser partir ses jeunes mais que sa marge de manœuvre était limitée pour les années à venir :
« Nous venons de signer deux joueurs libres l’été dernier avec de forts salaires, sur quatre ans (Timofey Mozgov et Luol Deng). Il nous faut garder nos jeunes joueurs qui vont éclore. Cela va prendre un peu de temps, quelques années, pour retourner la situation. »
Les débuts des Lakers version Magic Johnson seront compliqués : vendredi, ils se déplacent à Oklahoma City, et dimanche ils reçoivent les San Antonio Spurs. Mardi prochain, pour le match entre les Lakers et les Charlotte Hornets, tous les objectifs seront tournés vers les tribunes, où prendront place « Magic » et Michael Jordan, président et propriétaire de la franchise de Caroline du Nord.