Un court-métrage oublié de Jean-Luc Godard redécouvert
Un court-métrage oublié de Jean-Luc Godard redécouvert
Par Grecelia Herrera
« Une femme coquette », inspiré d’une nouvelle de Maupassant, a été retrouvé par hasard sur Internet.
Une Femme Coquette (Jean-Luc Godard, 1955) with English subtitles
Durée : 09:19
L’un des premiers films de Jean-Luc Godard, un court-métrage titré Une femme coquette, vient d’ être découvert par le site A.V. Club sur la page Youtube d’un internaute. Tourné en 1955 – le cinéaste avait alors 24 ans –, ce film de 9 minutes 19 conte l’histoire d’une femme qui, dans une lettre, dévoile à une amie comment elle a trompé son mari. « Ma chère Françoise, tu me demandes si je suis heureuse depuis mon mariage : oui, très. Jacques et moi nous nous entendons très bien (…) ». Puis elle ajoute : « Je viens de le tromper, sans faire exprès ! Et je ne sais pas si je dois le lui avouer. Je t’écris pour te demander ton avis, je suis cruellement punie de mon inconséquence. Dois-je rire ou pleurer, je ne sais plus ! Ne crois pas que j’ai pris un amant, non non pas du tout, enfin oui… Mais que pouvais-je faire ? Voilà exactement ce qui s’est passé. »
Le cinéaste s’est librement inspiré d’une nouvelle de Guy de Maupassant, Le Signe, parue en 1866. Considéré comme perdu par les experts, il serait le deuxième d’une série de cinq courts-métrages réalisés entre 1955 et 1960. Soit avant les films A bout de souffle (1960) ou Le Mépris (1963). Y apparaissent les actrices Maria Lysandre, Carmen Mirando, l’acteur Roland Tolma et… Jean-Luc Godard, jouant un homme séduit par le charme d’une femme. La mise en scène est signée « Hans Lucas », pseudonyme parfois utilisé par Jean-Luc Godard, qui commenca comme critique de cinéma dans différentes revues spécialisées, pour signer ses articles.
Tourné à Genève avec une caméra 16 mm, le film n’aurait bénéficié que d’une demi-douzaine de projections publiques et n’a jamais été distribué. Biographe de Godard, Antoine de Baecque, pensant le film perdu, écrivait à son propos : « Assez désinvolte, personnelle, même intime, rapide, enlevée, perverse : la femme y est une proie pour l’homme qui la chasse, la paye, la consomme, mais elle est bien filmée, vive, aérienne. C’est elle qui fait de Godard, dès son premier brouillon personnel, un artiste en germe. »