Dans « Le JDD », Penelope Fillon défend la réalité de ses emplois
Dans « Le JDD », Penelope Fillon défend la réalité de ses emplois
Par Simon Piel
L’épouse du candidat est convoquée le 28 mars en vue d’une mise en examen.
« Ce sont des pratiques honteuses pour la démocratie. » Quand François Fillon s’indigne dimanche 5 mars, sur le plateau du journal télévisé de France 2, ce n’est évidemment pas aux emplois de sa femme, dont la réalité peine à prendre corps, qu’il fait référence. Le candidat contesté du parti Les Républicains à l’élection présidentielle vise le calendrier judiciaire qui pourrait lui valoir une mise en examen le 15 mars, « deux jours avant la date limite du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle ». Un agenda décidé, selon lui, par des gens dont il assure ignorer le nom mais qui participeraient de façon concertée à ce qu’il appelait encore mardi un « assassinat politique ».
La meilleure preuve de cette entreprise malveillante, selon l’entourage de M. Fillon, et répétée dimanche sur les chaînes d’information, serait le contenu de l’enquête préliminaire dévoilée en partie par Le JDD. Dix-neuf extraits de procès-verbaux d’audition dans lesquels l’avocat de François Fillon, Antonin Lévy, a souligné sur BFM-TV qu’à aucun moment il n’est fait état d’un « emploi fictif » par les différents témoins entendus par les enquêteurs.
Soutien sans faille de l’épouse au candidat
Selon les morceaux choisis par l’hebdomadaire, plusieurs personnes entendues, dont notamment le suppléant de M. Fillon à l’Assemblée nationale en 2007, Marc Joulaud, ou l’homme chargé d’écrire ses discours, ont témoigné en faveur du couple. Mme Fillon « était les yeux et les oreilles de François Fillon dans la Sarthe », a ainsi indiqué le second, Igor Mitrofanoff. « Le dossier est vide et aboutira à un non-lieu », ont pu enchaîner en chœur les soutiens de M. Fillon dimanche après-midi.
L’opération de communication de l’entourage de François Fillon dans les colonnes du JDD a pris toute sa mesure avec une interview de Penelope Fillon, qui s’était jusqu’ici refusée à toute déclaration publique. Mis en place par Anne Méaux, directrice de l’agence de communication Image 7, qui œuvre en coulisse pour le clan Fillon depuis le début de l’affaire, l’entretien visait à souligner le soutien sans faille de l’épouse au candidat.
Mme Fillon justifie son travail à la Revue des deux mondes – où elle a été embauchée à la demande de son mari, selon le propriétaire de la revue, Marc Ladreit de Lacharrière – ainsi que celui qu’elle a exercé comme assistante parlementaire de son mari. Comme « conseillère littéraire », elle explique avoir « remis dix notes aux enquêteurs et la preuve du travail d’analyse de ses ouvrages. » Dix notes réalisées entre mai 2012 et décembre 2013 pour un salaire mensuel de 5 000 euros brut, dont deux seulement ont été publiées.
« J’ouvrais le courrier »
Quant à ses fonctions d’assistante parlementaire, elle détaille avoir traité « le courrier en lien avec la secrétaire. Je préparais pour mon mari des notes et des fiches sur les manifestations locales de la circonscription, afin qu’il puisse avec mes mémos faire ses allocutions. Je lui faisais aussi une sorte de revue de presse locale. Je le représentais à des manifestations. Je relisais ses discours », affirme-t-elle au JDD tout en soulignant par ailleurs que « parler français au téléphone, c’est difficile pour moi. »
Devant les enquêteurs, elle avait déclaré : « J’ouvrais le courrier arrivant à mon domicile, je le triais, je réfléchissais à ce que l’on pouvait faire pour y répondre. » Quant à son travail auprès du député Joulaud, elle s’occupait « essentiellement des contacts avec la Sarthe ». Mais cela depuis Paris. Une collaboration qui, selon elle, n’a donné lieu à aucune restitution écrite.
Très offensif après la publication le 6 février par Le Monde d’éléments issus de l’enquête préliminaire, l’avocat de M. Fillon, Antonin Lévy, s’est montré cette fois-ci plus réservé sur le sujet. « Cette enquête est une passoire, on le sait », a-t-il dit sur BFM-TV, se gardant de condamner les fuites dans la presse. Le Parquet national financier (PNF) souligne pour sa part au Monde que « comme dans toute affaire, les magistrats déplorent la violation du secret de l’instruction en ce qu’elle nuit au déroulement serein des investigations ». Contacté, M. Lévy n’a pas donné suite.
M. Fillon est convoqué en vue d’être mis en examen le 15 mars et son épouse le 28. Leurs avocats respectifs ont encore plusieurs jours pour étudier le dossier et mettre en place leur stratégie pour contester devant les magistrats les faits reprochés à leurs clients. Les 16 et 22 février, Pierre Cornut-Gentille, l’avocat de Mme Fillon, a d’ailleurs fourni au PNF de nouveaux documents relatifs aux activités de sa cliente.
Jeudi 2 mars, puis vendredi 3, les domiciles des époux Fillon ont fait l’objet de perquisitions dans leurs domiciles parisien puis sarthois. Sous la conduite du juge d’instruction Serge Tournaire qui, de source judiciaire, a pu prendre connaissance de l’enquête préliminaire menée par le PNF dès vendredi 24 février, les enquêteurs cherchent encore à matérialiser la réalité du travail de Mme Fillon.