Les enfants de Fillon lui ont reversé une part de leurs revenus de collaborateurs
Les enfants de Fillon lui ont reversé une part de leurs revenus de collaborateurs
Par Simon Piel
Selon les avocats de la famille, les virements étaient des remboursements pour le mariage de Marie Fillon et le loyer et l’argent de poche de Charles.
François Fillon, lors de la présentation de son projet, à Paris, le 13 mars. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE
Les jours passent et les révélations médiatiques sur l’enquête judiciaire en cours dessinent à chaque fois un peu plus les traits d’un candidat à l’élection présidentielle entretenant un rapport à l’argent bien loin de l’image qu’il souhaitait renvoyer. Lundi 13 mars, Le Parisien rapporte sur son site Internet que Marie et Charles, deux des enfants de François Fillon qu’il a employés comme collaborateur parlementaire – d’octobre 2005 à décembre 2006 pour la première et de janvier à juin 2007 pour le second – ont reversé à leurs parents une partie des revenus qu’ils avaient touchés à cette occasion.
Ainsi, selon le quotidien, citant des éléments en possession de la police judiciaire, Marie Fillon a reversé 33 000 euros sur le compte joint de ses parents à l’occasion de plusieurs virements de montants différents mais effectués à échéance régulière. Un élément nouveau accréditant l’idée que l’enveloppe du député Fillon destinée à rémunérer ses assistants parlementaires lui revenait tandis que ceux-ci ne travaillaient en réalité pas ? Pas du tout, a assuré aux enquêteurs Marie Fillon. Il s’agissait en fait, a-t-elle expliqué, de rembourser à ses parents des frais qu’ils avait engagés pour son mariage en août 2006.
Selon son avocat, Me Kiril Bougartchev, « Marie Fillon a tenu à payer son mariage. Elle n’a pas eu un pistolet sur la tempe pour le faire ». Ces virements sont intervenus dès novembre 2005 et cela jusqu’à ce qu’elle rembourse sa « quote-part », indique-t-il au Monde. Le reste du mariage ayant été payé par la famille de son époux.
30% de son salaire
« La question de fond est de savoir si Marie Fillon a réellement travaillé comme collaboratrice parlementaire, souligne Me Bougartchev. Or nous avons fourni de nombreux documents attestant de la réalité des travaux qu’elle a effectués pour son père. » Parmi eux, plusieurs notes de recherches comparées sur les politiques européennes, son badge de la bibliothèque du Sénat, son agenda de l’époque ou encore une lettre des Assedic, indiquant qu’elle a démissionné en janvier 2007. « Sur les quinze notes qu’elle avait réalisées, elle en a retrouvé quatre. Mais vous imaginez que onze ans après les faits, il n’est pas aisé de remettre la main sur ces documents. »
Le Parisien ajoute par ailleurs que son frère cadet, Charles Fillon a lui aussi effectué des virements à ses parents à compter de janvier 2007 pour environ 30 % de son salaire net alors de 4 846 euros bruts mensuels au moment où il succédait à sa sœur comme assistant parlementaire auprès de son père. Une façon pour lui de rembourser son loyer et l’argent de poche que lui avaient donné ses parents quand il a commencé à gagner sa vie, a indiqué au Parisien Antonin Lévy, conseil de François Fillon. Contacté, l’avocat de Charles Fillon, Pascal Eyraud, n’a pas souhaité faire de commentaires.
Les détails troublants sur ces flux financiers interviennent deux jours après la révélation par Le Journal du dimanche du goût de François Fillon pour les costumes de marque. L’hebdomadaire a ainsi détaillé comment le candidat du parti Les Républicains à l’élection présidentielle s’était fait offrir pour 35 500 euros de vêtements à la boutique Arnys depuis 2012. Les 9 et 10 février dernier, alors même que les premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi de son épouse Pénélope étaient parues, deux costumes ont ainsi été retirés chez Arnys pour François Fillon pour un montant de 13 000 euros. Si le généreux acheteur a confirmé au JDD ces achats, son identité reste aujourd’hui inconnue. Alors que le nom de l’avocat Robert Bourgi circulait avec insistance, celui-ci a vigoureusement démenti au Monde être le mystérieux acheteur. Contacté, le Parquet national financier (PNF) n’a pas souhaité faire de commentaires.