Alors que le gouvernement de Jacob Zuma venait d’être critiqué par la Cour constitutionnelle dans une affaire de paiement d’aides sociales, les bureaux du juge Mogoeng Mogoeng, le président de la Cour constitutionnelle, ont été cambriolés samedi 18 mars. Selon les autorités, les quinze ordinateurs dérobés contiennent des informations sensibles sur 250 juges sud-africains. Une affaire qui éveille les soupçons de l’opposition.

« Je parie que c’est Mahlobo… Manœuvres d’intimidation de la justice », a tweeté, samedi, John Steenhuisen, l’un des leaders et député de l’Alliance démocratique (DA), parti de l’opposition au gouvernement. Il accuse le ministre de la sécurité, David Mahlobo, d’être à l’initiative du cambriolage.

Le parti du député et les Combattants pour la liberté économique (EFF), parti de la gauche radicale, partagent ce soupçon. « Il est particulièrement troublant que ce cambriolage soit intervenu au lendemain d’une sévère mise en garde de la Cour constitutionnelle », affirme un communiqué de la DA.

Incompétence

La veille de l’effraction, l’organe chargé de faire respecter la Constitution avait rendu certains membres du gouvernement responsables de la crise qui a menacé le paiement des allocations sociales de 17 millions de personnes, retraités, chômeurs et handicapés. Alors que le contrat qui lie l’agence de l’Etat chargée de la Sécurité sociale (Sassa) avec la société privée Cash Paymaster Services qui effectue son versement devait prendre fin le 31 mars, le ministère ne s’était toujours pas occupé de lui trouver un successeur. Cela avait conduit à des manifestations de grande ampleur à Pretoria, le 10 mars, pour demander la démission de Dlamini Bathabile, la ministre du développement social, en grande partie responsable de cette crise. La Cour constitutionnelle a fini par trancher, vendredi 17 mars, pour que la société privée puisse continuer à allouer les allocations pendant un an, le temps de trouver un nouveau partenaire. Mais elle dénonce le manque d’action de certains responsables, dont Dlamini Bathabile, qui auraient pu éviter cette situation catastrophique.

« Je veux sincèrement comprendre comment on peut en arriver à ce niveau (…) de ce qui peut être caractérisé comme de l’incompétence absolue », s’était exclamé le juge Mogoeng lors d’une audience, le 15 mars.

Face aux accusations, le ministère de la sécurité a rejeté, dimanche, « les accusations sans fondement lancées par certains qui insinuent que nous sommes impliqués ». Le cambriolage « devrait être un souci pour tout le monde et non un sujet de dérision », a ajouté le ministère dans un communiqué. Le parti de Jacob Zuma a lui aussi dénoncé « les allégations farfelues et les théories du complot » diffusées par la DA. Il a demandé à la police de retrouver les auteurs du vol.