L’opposition appelle à une « journée ville morte » en RDC
L’opposition appelle à une « journée ville morte » en RDC
Le Monde.fr avec AFP
Le Rassemblement dénonce « la situation de chaos » née de la non-application de l’accord signé fin 2016 avec le régime de Joseph Kabila.
Le Rassemblement de l’opposition congolaise a appelé la population à observer une « journée ville morte », lundi 3 avril, en République démocratique du Congo (RDC) pour exiger du président Joseph Kabila l’application de l’accord de cogestion du pays jusqu’à l’organisation des élections.
Dans un communiqué reçu jeudi, le Rassemblement « exprime sa vive préoccupation face à la situation de chaos » née de la non-signature des modalités d’application de l’accord signé le 31 décembre 2016 entre pouvoir et opposition et « demande au peuple congolais de contribuer à la réussite de la journée ville morte » à travers le pays.
Cet appel est le premier lancé par le Rassemblement depuis la fin des négociations de cet accord destiné à sortir le pays de la crise née du maintien au pouvoir du président Kabila à l’expiration de son second mandat, le 19 décembre. L’appel tombe alors que les élèves seront en vacances de Pâques, ce qui devrait accentuer l’impression de « ville morte ».
En réaction, la majorité a accusé le Rassemblement – coalition formée en juillet 2016 autour d’Etienne Tshisekedi, opposant historique congolais décédé à Bruxelles le 1er février à 84 ans – de vouloir « créer trouble et désolation » et l’a invité « à un sursaut salutaire de patriotisme ». En septembre et en décembre, des manifestations de l’opposition contre la prolongation du mandat du chef de l’Etat s’étaient soldées par plusieurs dizaines de morts dans le pays.
L’accord de la Saint-Sylvestre prévoit le maintien au pouvoir de M. Kabila jusqu’à l’entrée en fonction d’un successeur élu lors d’une présidentielle, prévue avant fin 2017, et la formation d’un gouvernement élargi, dirigé par un membre du Rassemblement. Mais, trois mois après sa signature, le nouveau gouvernement n’a toujours pas été formé.
« Impasse politique »
Lundi, les évêques catholiques qui assuraient la médiation entre les deux camps ont constaté « l’impasse politique [des] discussions », après un nouveau cycle de négociations infructueuses. Selon l’épiscopat, le blocage est lié au mode de désignation du premier ministre devant conduire la transition : le Rassemblement tient à présenter au président Kabila un seul nom pour sa nomination, alors que la majorité exige une liste de trois noms. Cette impasse « traduit le manque de bonne volonté politique et l’incapacité des acteurs politiques » à trouver un compromis qui tienne compte de l’intérêt supérieur de la nation et du « bien de notre peuple », estiment les évêques catholiques.
« Ce sabordage de l’accord de la Saint-Sylvestre risque aujourd’hui de plonger notre pays dans un indescriptible chaos dont nul ne peut prédire l’ampleur et les répercussions », a averti l’ex-gouverneur Moïse Katumbi, membre du Rassemblement, ex-allié du président Kabila passé à l’opposition en septembre 2015 et actuellement en exil.
Dans un communiqué, le ministre britannique pour l’Afrique, Tobias Ellwood, a exhorté « toutes les parties concernées, en particulier le président Joseph Kabila, à parvenir à un accord dans les plus brefs délais ». Les Etats-Unis se sont également dits « préoccupés » et ont appelé « le gouvernement et les leaders de l’opposition à s’abstenir de toute déclaration ou de toute action qui pourrait inciter à la violence ou provoquer des troubles ».
Mardi, l’Union européenne, l’Union africaine, les Nations unies et l’Organisation internationale de la Francophonie ont demandé que soit nommé un « premier ministre issu de l’opposition », en application de l’accord du 31 décembre 2016.
M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Il doit s’adresser à la nation incessamment, selon la présidence congolaise.