Au Printemps de Bourges, des hommes se souviennent de la dame brune
Printemps de Bourges : des hommes et la dame brune
Par Sylvain Siclier (Bourges, envoyé spécial)
Le 20 avril, le festival a présenté une création en hommage à Barbara, dirigée par le pianiste Alexandre Tharaud.
En 1986, Barbara est venue au Printemps de Bourges. A l’affiche cette année-là, du 28 mars au 6 avril, l’Orchestre national de jazz, Jacques Higelin, The Cramps, Stephan Eicher, Carlos d’Alessio, Didier Lockwood, Claude Nougaro, Indochine, Salif Keita, Madness, Véronique Sanson, I Muvrini… Parmi les « Découvertes du Printemps de Bourges » – devenues depuis « Les Inouïs du Printemps de Bourges » –, L’Affaire Louis’Trio, Chanson Plus Bifluorée, Jacques Haurogné… Avec Barbara, il y avait Gérard Depardieu. Le duo interprétait alors, avec plusieurs musiciens, dont le pianiste Gérard Daguerre, le spectacle Lily Passion en tournée après trente-cinq représentations au Zénith de Paris du 21 janvier au 19 février. A Bourges, Lily Passion avait été la soirée d’ouverture du festival, le 28 mars.
Pour la troisième journée, jeudi 20 avril, de la 41e édition du Printemps de Bourges-Crédit mutuel, organisée jusqu’au dimanche 23, Barbara était à nouveau présente. Par un spectacle en création au Palais d’Auron, intitulé « Mes hommes », sous la direction du pianiste Alexandre Tharaud. Lequel spectacle vient s’ajouter à divers hommages d’une sorte d’« année Barbara », vingt ans après sa mort le 24 novembre 1997. Après Patrick Bruel en novembre 2015, avec un disque et des concerts en 2016 et Gérard Depardieu en février 2017 avec un disque et un spectacle aux Bouffes du Nord – avant un film de Mathieu Almaric dévoilé en mai à Cannes et une exposition cet automne à la Philharmonie de Paris –, ce sont donc à d’autres interprètes masculins qu’il revenait de chanter Barbara.
De gauche à droite : le chanteur Pierre Guénard (Radio Elvis), l’artiste Olivier Marguerit dit O, le pianiste Alexandre Tharaud, l’accordéoniste de Barbara, Roland Romanelli, le chanteur Tim Dup, lors du concert en hommage à Barbara au 41e Printemps de Bourges, le 20 avril 2017. | GUILLAUME SOUVANT/AFP
Tous habillés de noir
Soit, par ordre d’arrivée en scène, Pierre Guénard, du groupe rock Radio Elvis, Albin de la Simone, Tim Dup, jeune pousse – qui avait fait la première partie de Renaud au festival mardi 18 avril –, Vincent Delerm, Dominique A, le comédien Vincent Dedienne et Julien Clerc. Avec le compagnonnage de l’accordéoniste Roland Romanelli, du claviériste et guitariste Olivier Marguerit et du violoncelliste Louis Rodde. Tous habillés de noir.
Pour commencer, Alexandre Tharaud, après avoir joué des mélodies de Barbara, passe un peu trop de temps à raconter son enfance, sa découverte de la chanteuse Cora Vaucaire, puis des musiques de Michel Legrand, de Barbara, enfin, à l’adolescence. Cette envie de parler le reprendra lors d’un échange avec Roland Romanelli à qui il demande des souvenirs de sa vie avec Barbara. Et à la fin du spectacle, encore, mais cette fois de l’enterrement de la chanteuse.
Si le spectacle est repris, il serait sage de laisser de côté ces passages, ou pour le moins, de les réduire à plus simple expression. Pour la musique, il y aura eu plusieurs beaux moments durant la soirée. Dès l’arrivée de Pierre Guénard, voix forte, expressive, qui porte Ma maison puis A mourir pour mourir. Dominique A, lui, par son timbre qui peut se faire féminin, ses retenues de souffle, des brisures mélodiques, un élan d’émotion, aura été l’interprète le plus envoûtant avec les trois chansons qui lui reviennent, Cet enfant-là, J’ai tué l’amour – présente à son répertoire depuis le début des années 2000 – et Dis, quand reviendras-tu ?
Les chanteurs Vincent Delerm et Julien Clerc avec le comédien Vincent Dedienne lors du concert en hommage à Barbara au 41e Printemps de Bourges, le 20 avril 2017. | GUILLAUME SOUVANT/AFP
Dosage bien pensé
Vincent Delerm a apporté sa manière de léger détachement à Mon enfance, Gare de Lyon et Si la photo est bonne. Ou Julien Clerc, en invité surprise à la presque fin, qui fait sienne Ma plus belle histoire d’amour. En revanche, ni Albin de la Simone, petit filet de voix qui ne se prête guère aux variations mélodiques des compositions de Barbara, ni Tim Dup, assez vacillant dans la justesse et le sens de l’interprétation, ne nous ont convaincu.
Reste que le choix des chansons par AlexandreTharaud et ses chanteurs se révèle un dosage bien pensé entre des raretés et des chansons connues (outre Ma plus belle histoire d’amour, Vienne, récitée par Vincent Dedienne, Göttingen chantée par tous, chacun un couplet…). Leur traitement instrumental discrètement exact étant un point tout aussi positif.
Sur le Web : www.printemps-bourges.com