Héroïne d’Ingobernable, la comédienne Kate del Castillo (en rouge) a contribué au succès mondial de la série, grâce à sa relation nébuleuse avec le baron de la drogue Joaquín « El Chapo » Guzmán. | Ken Jacques/Netflix

Depuis le 24 mars, Netflix diffuse Ingobernable, une série mexicaine dont les airs de thriller politique en font la version locale de House of Cards. La comédienne Kate del Castillo, 44 ans, y incarne Emilia Urquiza, une First Lady qui s’apprête à quitter son époux, le président Diego Nava, interprété par l’acteur mexicain Erik Hayser. Après une violente dispute avec son mari, la première dame perd connaissance. À son réveil, le président est mort. Emilia Urquiza est la coupable idéale. Traquée par la police et l’armée, elle se réfugie à Tepito, le quartier des voleurs de Mexico.

La première dame, ex-actrice de « telenovelas »

La série fait largement référence aux maux qui ravagent le Mexique, où seulement 2 % des délits sont jugés : la violence, la corruption, l’impunité, les inégalités… Et, notamment, les disparitions : cinq personnes sont kidnappées chaque jour dans le pays, à l’image du frère de l’héroïne d’Ingobernable, mort lors d’un enlèvement contre rançon. La ressemblance est particulièrement frappante entre le couple présidentiel de la série et celui formé par l’actuel président, Enrique Peña Nieto, et son épouse, Angélica Rivera, ancienne actrice de telenovelas. Kate del Castillo déclare, elle, s’être plutôt inspirée de Michelle Obama et de Claire Underwood, le personnage incarné par Robin Wright dans House of Cards.

Ingobernable | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 01:53

Mais la notoriété d’Ingobernable tient autant à son intrigue qu’à la réputation de son actrice principale. Si le rôle de première dame en fuite semble taillé sur mesure pour elle, Kate del Castillo est aussi très célèbre au Mexique pour avoir entretenu une relation épistolaire avec Joaquín « El Chapo » Guzmán, le plus fameux narcotrafiquant de la planète, chef du puissant cartel de Sinaloa arrêté le 8 janvier 2016. « Je sais ce que l’on ressent lorsqu’on essaie de prouver son innocence », a-t-elle déclaré aux médias mexicains, depuis sa villa d’un quartier chic de Los Angeles, ajoutant qu’elle se sentait persécutée par le gouvernement de son pays.

Kate del Castillo, soupçonnée de blanchiment

Leur histoire débute en 2012, sur les réseaux sociaux. L’actrice adresse un Tweet au narcotrafiquant, fan de son rôle de baronne de la drogue dans la série La Reina del Sur. Ils s’échangent des messages enflammés. En 2015, Kate del Castillo organise au Mexique une rencontre entre le fugitif et Sean Penn. Publiée le 9 janvier 2016 dans le magazine Rolling Stone, au lendemain de la troisième arrestation du narcotrafiquant, l’interview exclusive d’« El Chapo » par l’acteur américain fait l’effet d’une bombe.

Depuis, les autorités mexicaines soupçonnent Kate del Castillo d’avoir blanchi l’argent du criminel dans la marque de tequila Honor del Castillo, qu’elle a lancée aux États-Unis. Après des mois de procédure, un juge a annulé, le 22 mars, sa mise en examen. « Mais une enquête reste ouverte », regrette l’actrice.

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Ce casse-tête a compliqué le tournage de la série, produite par Argos Comunicación. Les scènes jouées par l’actrice ont été filmées à San Diego, aux États-Unis, alors que le reste de la série a été tourné à Mexico. La réputation sulfureuse de Kate del Castillo n’a cependant pas fait flancher Netflix. Bien au contraire. Le lien avec « El Chapo » a dopé la notoriété mondiale de l’actrice, et donc de la série, accessible dans 190 pays.