Fausses informations : l’ambivalence de Google, critiqué pour ses publicités sur Breitbart
Fausses informations : l’ambivalence de Google, critiqué pour ses publicités sur Breitbart
Vingt-six députés européens ont interpellé Google, lui reprochant d’afficher des publicités sur ce site d’extrême droite, qui relaie régulièrement de fausses informations. L’entreprise s’est contentée d’une réponse évasive.
De fausses informations sont massivement diffusées sur les plates-formes des grandes entreprises du Web. | MATT ROURKE / AP
A quel point Google s’implique-t-il, comme il le promet, dans la lutte contre les fausses informations ? Après la campagne présidentielle américaine, qui a vu de fausses informations proliférer sur les grandes plates-formes des grands groupes du Web, Google avait été, comme Facebook, l’un des premiers à annoncer des mesures pour endiguer le phénomène. L’une de ses premières annonces : agir sur le financement des sites publiant de fausses informations, en cessant de leur donner accès à la régie publicitaire de Google. « Nous allons commencer à interdire les publicités sur les contenus trompeurs, de la même manière que nous interdisons les publicités mensongères », avait expliqué Google le 15 novembre dans un communiqué.
A la fin d’avril, 26 députés européens ont pourtant jugé nécessaire d’interpeller Google à ce sujet. Dans une lettre, ils lui reprochent de continuer à fournir du contenu publicitaire au site Breitbart, proche de l’extrême droite américaine, qui relaie régulièrement de fausses informations. « Nous vous demandons d’appliquer vos propres règles », plaident les députés. « Breitbart se présente comme une source d’information, mais a constamment déformé la vérité, dans le but de provoquer la haine et la division. »
Les députés citent par exemple un article de janvier accusant à tort un millier de réfugiés d’avoir attaqué la police et d’avoir incendié une église en Allemagne. « Ces deux affirmations se sont révélées fausses, et ont été conçues pour attiser un sentiment antiréfugiés », dénoncent les parlementaires. « En autorisant Google Ads sur Breitbart, vous profitez directement de la propagation de la haine dans nos sociétés », estiment-ils, et rappellent qu’une pétition, en Allemagne, a recueilli plus de 60 000 signatures appelant Google à cesser de placer des publicités sur ce site.
Une réponse très évasive
Google a répondu vendredi 5 mai par un message très évasif, rapporte le site Politico. Il n’y est jamais explicitement question de Breitbart ni même de fausses informations. Google précise que son règlement interdit les publicités apposées auprès de certains contenus, « par exemple, des contenus faisant la promotion d’activités illégales, contenant des images explicites ou gores, et autres » – sans préciser si les fausses informations en font partie.
L’entreprise semble même renvoyer la responsabilité aux annonceurs eux-mêmes, qui utilisent la régie de Google : « Nous avons conçu des outils complets pour que les annonceurs puissent définir, de façon très précise, les contenus et les sites qu’ils jugent appropriés pour leurs publicités. Les annonceurs peuvent, pas exemple, cibler et bloquer des contenus par sujet, catégories, niveau de sensibilité, et même par URL [l’adresse d’un site]. »
Mardi 9 mai, Le Monde a pu constater que des publicités déployées par la régie de Google étaient toujours affichées sur Breitbart.
A la fin du mois d’avril Google avait annoncé une autre offensive contre les fausses informations. L’entreprise expliquait notamment avoir modifié son moteur de recherche pour ne pas mettre en valeur les fausses informations. Avec un résultat loin d’être tout à fait concluant pour le moment, puisque plusieurs sites connus pour publier de fausses informations continuent à remonter dans l’encart « à la une », mis en valeur par le moteur de recherche.