« Plus grand monde n’y croyait », et peut-être lui le premier. Nicolas Dupont-Aignan a pourtant été réélu député de la 8e circonscription de l’Essonne au second tour des élections législatives. « C’est peut-être la plus belle victoire de toute ma carrière politique, parce que c’était la plus difficile », a déclaré l’ancien candidat à l’élection présidentielle lors d’une allocution prononcée dimanche 18 juin dans la soirée. Le notable tranquillement réélu à chaque législative depuis 1997, parfois dès le premier tour, a senti le vent du boulet dans cette élection pour s’être trop approché d’un astre noir nommé Front national.

Le maire de Yerres, ancien du RPR et de l’UMP, l’a emporté avec 52 % des voix contre son adversaire de La République en marche (LRM) Antoine Pavamani (48 %). Le scrutin était pourtant mal engagé puisque M. Pavamani l’avait devancé de six points avec 35,8 % des suffrages, et disposait, en théorie, de meilleures réserves de voix. « J’espère que ce sera serré », souhaitait encore M. Dupont-Aignan, dimanche, au moment de glisser son bulletin dans l’urne. La victoire du souverainiste se révèle finalement assez confortable.

Volte-face

L’appréhension qui habitait le président de Debout la France (DLF) a été nourrie par plusieurs semaines de manifestations sous les fenêtres de sa mairie de Yerres, de bruits de casseroles et de tintamarre jusqu’au sein de son propre parti, où son choix de soutenir Marine Le Pen au second tour de la présidentielle a été mal perçu par certains. M. Dupont-Aignan s’est donc réjoui de sa victoire obtenue « malgré une campagne d’intimidation et de manipulation médiatique » et des « manifestations orchestrées ».

Sa volte-face par rapport à la présidentielle – il a renoncé à un accord avec le FN pour ces législatives – a sans doute joué sur ce territoire acquis à la droite traditionnelle. Mais sitôt passée l’annonce de sa victoire, le député de l’Essonne a mis en garde contre le « mirage politique » que constitue selon lui la future majorité LRM à l’Assemblée nationale, et appelé à « agir vite pour unir les forces de la résistance et proposer un autre destin au pays ».

Le président de DLF a lancé un appel à l’union plusieurs fois au cours de son allocution : « Il est vital d’unir tous les patriotes, tous les républicains. » Une manière de dessiner une possible « union des droites », chère à l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, que M. Dupont-Aignan a consulté pendant la campagne présidentielle. Et dans laquelle le FN pourrait trouver sa place.

Le succès de M. Dupont-Aignan représente aussi un soulagement pour le parti de Marine Le Pen, qui peut désormais affirmer que ceux qui l’approchent ne sont pas forcément voués à l’échec électoral. « La victoire de Dupont-Aignan est une bonne nouvelle, estime un conseiller régional du FN. Elle montre aussi l’importance de l’implantation locale, qui est notre grand chantier des prochaines années. »