Qui sont les députés de La France insoumise ?
Qui sont les députés de La France insoumise ?
Le Monde.fr avec AFP
Dix-sept élus LFI vont faire leur entrée à l’Assemblée nationale. Parmi eux, des personnalités du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, et des profils moins connus.
Jean-Luc Mélenchon, à Marseille, le 18 juin. | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP
A l’issue du second tour des élections législatives, dix-sept députés de La France insoumise vont faire leur entrée à l’Assemblée nationale. Il y a ceux que l’on ne présente plus, de Jean-Luc Mélenchon à Alexis Corbière en passant par François Ruffin, et il y a les autres. Militants historiques, engagés en politique de longue date ou candidats pour la première fois, ils sont surtout présents dans les circonscriptions de Seine-Saint-Denis, du Nord et de l’Ariège.
Jean-Luc Mélenchon, 4e circonscription des Bouches-du-Rhône
François Ruffin, 1re circonscription de la Somme
Alexis Corbière, 7e circonscription de Seine-Saint-Denis
Clémentine Autain, 11e circonscription de Seine-Saint-Denis
Eric Coquerel, 1re circonscription de Seine-Saint-Denis
- Adrien Quatennens, 1re circonscription du Nord
Initialement mal engagé, le jeune candidat a totalement renversé la situation lors du second tour, s’adjugeant, avec 46 voix d’avance, la 1re circonscription du Nord, celle de Lille, devant le candidat de La République en marche, Christophe Itier. Ce conseiller commercial de 27 ans, conseiller national du Parti de gauche, confirme au passage l’excellent score de Jean-Luc Mélenchon à Lille lors du premier tour de la présidentielle (30,4 %).
Adrien Quatennens a commencé son parcours de militant en manifestant contre le « Contrat première embauche » du gouvernement Villepin, avant de s’engager dans des associations d’aide aux sans-abri et chez les altermondialistes d’Attac.
- Ugo Bernalicis, 2e circonscription du Nord
Elu avec 64,15 % des voix face à Houmria Berrada (LRM), ce militant de 27 ans est passé en une dizaine d’années des mouvements lycéens aux bancs de l’Assemblée nationale. Ugo Bernalicis a entamé son parcours militant dès 2005, lorsqu’il a organisé le mouvement contre la loi Fillon sur l’éducation entre les trois lycées publics de Calais, où il résidait. L’année d’après, il récidivait contre le CPE (contrat première embauche) du gouvernement Villepin. Il a milité au sein de l’UNEF puis du Parti socialiste, qu’il a quitté en 2008 pour rejoindre le Parti de gauche.
Aujourd’hui cosecrétaire du Parti de gauche du Nord, cet attaché d’administration du ministère de l’intérieur avait déjà été, malgré son jeune âge, candidat dans la 2e circonscription du Nord en 2012 sous l’étiquette du Front de gauche. Il avait alors recueilli 8,87 % des voix. En décembre 2015, ce Lillois a aussi été candidat aux élections régionales sur une liste d’alliance PCF-Nouvelle Donne-Nouvelle gauche socialiste-EELV.
- Caroline Fiat, 6e circonscription de Meurthe-et-Moselle
Avec 61,36 % des voix au second tour, cette aide-soignante rejoint les bancs de l’Assemblée nationale, battant le FN dans le seul duel de France qui opposait les deux partis.
A 40 ans, Caroline Fiat a défait le tout jeune candidat frontiste Cédric Marsolle, que La République en marche avait appelé à faire battre. Mère de famille, Caroline Fiat s’est présentée dans cette circonscription comme la candidate « consciente des réalités de la vie quotidienne ». Elue sur les terres du dernier haut-fourneau lorrain, à Pont-à-Mousson, elle est la seule députée LFI de Lorraine.
- Bastien Lachaud, 6e circonscription de Seine-Saint-Denis
Le directeur de la campagne des législatives pour La France insoumise s’est emparé du siège occupé depuis 15 ans par l’ex-garde des sceaux socialiste, Elisabeth Guigou. Ce professeur d’histoire de 36 ans, qui a débuté sa vie de militant au syndicat étudiant UNEF, s’est imposé au deuxième tour face au candidat LRM dans cette circonscription qui réunit les communes Pantin et Aubervilliers.
« Parachuté » depuis le XIXe arrondissement voisin, où il vit, ce trentenaire avait également été responsable des événements pendant la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Militant socialiste, il avait quitté le PS en 2008 avec Jean-Luc Mélenchon pour fonder le Parti de gauche, dont il a été secrétaire national. Il a également occupé la fonction de secrétaire général du groupe Front de gauche-Parti de gauche au Conseil régional d’Ile-de-France.
- Sabine Rubin, 9e circonscription de Seine-Saint-Denis
A 56 ans, cette attachée territoriale a été élue dans un fief du PS jusque-là détenu par Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale sortante, qui ne se représentait pas. Mère d’une fille de 21 ans, elle vit aux Lilas depuis 2000 et dit être engagée dans « diverses actions et luttes » parmi lesquelles le « lancement de journaux de quartier ». Elle était candidate aux municipales en 2014 sur la liste « Les Lilas autrement ».
- Stéphane Peu, 2e circonscription de Seine-Saint-Denis
Il s’est imposé dans ce bastion historique du Parti communiste, ravi en 2012 par Mathieu Hanotin (PS). Maire adjoint à l’urbanisme de Saint-Denis, le candidat adoubé par La France insoumise et le PCF, est président d’un des principaux bailleurs sociaux de la Seine-Saint-Denis et responsable logement au PCF.
Après son service militaire, il s’engage chez les jeunes communistes. Dans les années 1990, il participe à la création du courant des « refondateurs » communistes, un mouvement de réflexion transcourants de la gauche. A la même période, il commence à s’impliquer à Saint-Denis auprès de Marcelin Berthelot, le maire communiste de l’époque. Aux municipales de 1995, il est élu sur la liste PCF. Originaire de Bretagne, fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, il est arrivé à Saint-Denis dans les années 1980.
- Danièle Obono, 17e circonscription de Paris
Porte-parole nationale de La France insoumise, la nouvelle députée, militante altermondialiste, féministe et antiraciste de 36 ans, est la seule candidate de La France insoumise à remporter une circonscription parisienne, en battant de justesse la candidate de La République en marche, Béatrice Faillés.
Bibliothécaire, chercheuse en anthropologie sociale et politiste spécialiste en études africaines, elle a « commencé à militer au lycée pour combattre le Front national », dit-elle dans une interview à l’Agence France-Presse. Membre de la LCR puis de la direction du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) avant de rejoindre le Front de gauche, elle a fait partie du conseil national de la campagne présidentielle de 2012. La même année, elle s’était présentée comme suppléante dans la circonscription qu’elle vient de remporter.
- Mathilde Panot, 10e circonscription du Val-de-Marne
Cette militante associative de 28 ans a été élue dans la 10e circonscription du Val-de-Marne, fief communiste perdu en 2012, en battant au second tour la candidate LRM Sheerazed Boulkroun. La France insoumise et le PCF n’avaient pu trouver un accord sur une candidature unique pour la reconquête de cette circonscription symbolique, qui n’avait connu que des députés communistes depuis Maurice Thorez en 1932, jusqu’à la victoire du chevènementiste Jean-Luc Laurent en 2012.
Elle avait coordonné les groupes d’appui lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon et a dirigé auparavant l’association Voisins malins, à Grigny dans l’Essonne, qui vise à développer une solidarité de quartier entre les habitants. Distancée de quinze points au soir du premier tour, cette diplômée en relations internationales à Sciences Po a su mobiliser les électeurs qui avaient voté une semaine plus tôt pour son concurrent communiste, Pascal Savoldelli. Elle avait également reçu le soutien du candidat écologiste.
- Loïc Prud’homme, 3e circonscription de Gironde
Ce technicien de recherche agronomique a repoussé la double menace de la vague LRM et de la candidate PS désignée par le député sortant, Noël Mamère. Agé de 47 ans, ce père de famille a été élu de justesse, avec moins de 150 voix d’avance sur un jeune MoDem, Marik Fetouh, maire adjoint à Bordeaux, qui se présentait sous la bannière La République en marche.
L’élu LFI, le seul d’Aquitaine, se décrit comme « un écologiste » particulièrement intéressé par « l’émergence d’un modèle agricole alternatif et soutenable », en lien avec son activité professionnelle : technicien à l’Institut national de recherche agronomique. Né à Bègles au cœur de la circonscription, Loïc Prud’homme n’a jamais eu de mandat électif, malgré une tentative aux municipales sur la commune voisine de Villenave d’Ornon, où il réside.
- Bénédicte Taurine, 1re circonscription de l’Ariège
Enseignante en collège, elle est membre du Parti communiste français (PCF), mais a préféré être candidate sous la bannière de la France insoumise aux législatives, et a été choisie par les militants de ce mouvement. Née à Lavelanet, cette professeure de Sciences de la vie et de la terre (SVT) dans un collège ariégeois, a fêté ses 41 ans le jour de son élection. Elle exerce des fonctions syndicales au Syndicat national des enseignants du second degré.
En 2015, elle avait été candidate aux régionales sur la liste « Nouveau monde en commun », regroupant le Front de Gauche, EELV, le Parti des objecteurs de croissance et la Nouvelle Gauche socialiste, mais n’avait pas été élue.
- Michel Larive, 2e circonscription de l’Ariège
Ce formateur, président d’un festival de théâtre, est engagé à gauche depuis plus de vingt ans. Né le 22 août 1966 à Paris, Michel Larive a notamment travaillé dans des structures d’insertion et enseigne actuellement les mathématiques en libéral. Il est président du festival des Théâtrales en Couserans et a cofondé l’Agence de développement de l’économie culturelle en Couserans.
Sa première campagne est celle des municipales en 1995 à Saint-Girons, sous la bannière de la gauche alternative. Sans étiquette mais soutenu par les Verts, il est candidat aux cantonales en 2001, puis participe à la campagne du « non » au référendum européen en 2005. Cofondateur du Parti de gauche et du Front de gauche en Ariège, il est par ailleurs conseiller municipal d’Arrout entre 2008 et 2014. Il avait recueilli 10,88 % des voix aux législatives en 2012 dans la 1ère circonscription.
- Muriel Ressiguier, 2e circonscription de l’Hérault
Cette assistante de direction à la Direction régionale du Service médical a créé la surprise en battant la candidate LRM. Née à Châteauroux (Indre), Muriel Ressiguier est arrivée à Montpellier à l’âge de 12 ans, avec ses parents, enseignants. Elle a étudié en classe prépa khâgne avant d’obtenir une licence de lettres modernes, un Deug de communication, puis un BTS d’assistante de direction.
Alors que son père militait au PCF, elle s’engage dans le réseau associatif Ras’l Front puis prend sa carte au Parti de gauche en février 2012, après le meeting de Jean-Luc Mélenchon au Zénith de Montpellier. Propulsée tête de liste du Front de gauche lors des municipales de 2014 à Montpellier, elle est aujourd’hui conseillère régionale.