Asmara, capitale de l’Erythrée, inscrite au patrimoine culturel mondial de l’Unesco
Asmara, capitale de l’Erythrée, inscrite au patrimoine culturel mondial de l’Unesco
Le Monde.fr avec AFP
C’est la première fois qu’un site érythréen figure sur la liste du patrimoine mondial.
Asmara a été inscrite au patrimoine culturel mondial de l’Unesco le 8 juillet | Thomas Mukoya / REUTERS
L’Unesco a inscrit samedi 8 juillet la ville d’Asmara, capitale de l’Erythrée, sur sa liste du patrimoine culturel mondial.
La décision, annoncée à Cracovie, en Pologne, où le comité du patrimoine mondial est réuni, couronne un long effort des autorités érythréennes pour faire reconnaître par la communauté internationale l’architecture unique de la ville. Celle-ci possède notamment un bowling Art déco, avec des fenêtres aux vitres de couleur et une station-service qui ressemble à un avion en train de s’élever dans les airs. Il s’agit de la première inscription d’un site érythréen sur la liste du patrimoine mondial.
La station-service « Fiat Tagliero », en forme d’avion, est un des bâtiment emblématique d’Asmara. | Radu Sigheti / REUTERS
Une architecture futuriste qui date de la dictature de Mussolini
« La reconnaissance de la ville comme un site du patrimoine d’une valeur universelle exceptionnelle nous remplit d’une immense fierté et de joie, mais aussi d’un sens de responsabilité et de devoir », a déclaré la déléguée permanente de l’Erythrée auprès de l’Unesco, Hanna Simon, invitant « le monde entier » à visiter Asmara.
C’est une bonne nouvelle pour le pays de la corne de l’Afrique, dont l’image est mauvaise en Europe, qui voit débarquer sur ses rivages un grand nombre de migrants érythréens fuyant la répression chez eux.
Marquée par la présence italienne depuis 1869, intégrée dans l’Afrique orientale italienne en 1936, l’Erythrée fut une colonie jusqu’en 1941, sous la dictature fasciste de Benito Mussolini. L’architecture futuriste d’Asmara remonte en grande partie à cette époque-là. Des architectes dont les projets ne trouvaient pas preneur dans les villes conservatrices d’Europe avaient émigré à Asmara. A l’époque, la moitié de ses habitants étaient italiens et on l’appelait « Piccola Roma », « Petite Rome ».
Les bâtiments modernistes des autres villes érythréennes ont été détruits au cours de la longue guerre de libération contre l’Ethiopie. Ceux d’Asmara y ont survécu, et la ville a été déclarée en 2001 monument national par le gouvernement, qui l’appelle la « Cité de rêve » de l’Afrique.
Le centre de la ville de Mbanza Kongo également sur la liste
Mais les efforts pour restaurer les façades de marbre et les piliers à la romaine des théâtres et des cinémas se sont heurtés au manque de fonds et de main-d’œuvre qualifiée reconnaissent les autorités municipales.
Le délégué permanent du Liban, Khalil Karam, tout en se félicitant de la décision de l’Unesco, a évoqué la « sous-représentation de l’héritage moderne en Afrique », suggérant que le quartier italien de Benghazi — si la situation en Libye se stabilise — et Casablanca soient les prochains sites sur la liste des candidats.
Le comité du patrimoine mondial a également inscrit samedi matin une autre « première » africaine en plaçant sur la même liste le centre de la ville angolaise de Mbanza Kongo, ancienne capitale du royaume du Kongo.