Des traces de glyphosate trouvées dans des céréales pour petit-déjeuner
Des traces de glyphosate trouvées dans des céréales pour petit-déjeuner
Le Monde.fr avec AFP
Les analyses ont porté sur trente produits de consommation courante et révélé la présence de l’herbicide dans seize d’entre eux, rapporte l’ONG Générations futures.
Des résidus de glyphosate ont été retrouvés dans des céréales pour petit-déjeuner, des légumineuses et des pâtes, a indiqué, jeudi 14 septembre, l’ONG Générations futures, qui a fait analyser une trentaine d’échantillons de ces aliments de consommation courante.
La molécule de l’herbicide le plus utilisé au monde a été retrouvée dans « seize échantillons sur trente, soit 53,3 % », précise l’ONG anti-pesticides dans un communiqué. Le principe actif du Roundup, le désherbant phare de Monsanto, est dans l’attente d’une nouvelle homologation européenne. Sa licence expire fin 2017 et divise les experts.
Les analyses ont porté sur dix-huit échantillons à base de céréales : huit céréales pour petit-déjeuner, sept pâtes alimentaires, trois autres produits (petits pains secs, biscottes). Douze échantillons de légumineuses sèches ont aussi été analysés : sept de lentilles, deux de pois chiches, deux de haricots secs, un de pois cassés. Ces produits ont tous été achetés en supermarché.
Sept céréales sur huit contenaient du glyphosate
Selon les analyses réalisées, « sept céréales de petit-déjeuner sur huit » (Nestlé, Kellog’s, Jordan…) contenaient du glyphosate, « soit 87,5 % ». « Sept légumineuses sur douze analysées » en contenaient aussi, « soit 58,3 % ». La proportion est nettement plus faible pour les pâtes : « deux pâtes alimentaires sur sept en contiennent, soit 28,5 % ». En revanche, « aucun des trois autres produits à base de céréales (petits pains secs, biscottes) » ne contenait de glyphosate.
Trois échantillons (deux sortes de lentilles et des pois chiches) contenaient aussi de l’AMPA, un produit de dégradation du glyphosate. « Les concentrations (de glyphosate) retrouvées vont de 40 microgrammes/kg pour une céréale du petit-déjeuner à 2 100 microgrammes/kg pour un échantillon de lentilles sèches », relève Générations futures.
« Il n’y a, pour les aliments bruts (légumineuses), pas de dépassement de limite maximale en résidus (LMR, un seuil réglementaire de concentration de résidus de produits pesticides) », précise toutefois l’association, pour qui toutefois cette limite est « très élevée » pour les lentilles séchées (10 000 microgrammes/kg). Il n’existe pas de LMR pour tous les aliments transformés, ajoute-t-elle.
« Il y a urgence à renoncer à cette molécule »
Pour François Veillerette, porte-parole et directeur de Générations futures, ces résultats montrent qu’il y a « urgence pour l’Union européenne à renoncer à l’usage de cette molécule […] et à faire évoluer en profondeur son modèle agricole, devenu trop dépendant des pesticides de synthèse ».
Dans une précédente étude, publiée en avril, Générations futures avait montré que 100 % des personnes testées avaient du glyphosate dans leurs urines. Pour l’association, cette présence s’explique par des résidus de glyphosate dans notre alimentation.
En juillet, la Commission européenne a proposé le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate. Le vote sur l’autorisation de cet herbicide controversé pourrait avoir lieu le 5 ou 6 octobre lors d’un comité d’experts. La France a annoncé fin août qu’elle voterait contre la proposition de la Commission. Elle a une position clé, car une majorité qualifiée (55 % des Etats membres, représentant 65 % de la population de l’Union) est requise dans ce dossier.
En 2016, Paris s’était déjà opposé à un renouvellement d’autorisation, ainsi que Malte, tandis que sept pays s’étaient abstenus, dont l’Allemagne et l’Italie, bloquant la décision. La Commission avait exceptionnellement prolongé l’autorisation pour dix-huit mois, jusqu’à la fin de 2017, dans l’attente de nouveaux avis d’agences européennes.
Depuis, l’Agence européenne chargée des produits chimiques (ECHA) et celle de la sécurité des aliments (EFSA) ont estimé qu’il n’y avait pas de raison de classer cette substance comme cancérogène. Les avis de ces deux agences européennes n’ont toutefois pas mis fin à la controverse scientifique sur la dangerosité de ce produit, classé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer, l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) chargée d’inventorier les causes de cancer.