Le gouvernement séparatiste de Catalogne a reconnu, jeudi 21 septembre, que la vaste opération policière menée par la région avait porté un coup à l’organisation du référendum d’autodétermination. « Les règles du jeu ont été altérées », a déclaré le vice-président du gouvernement régional, Oriol Junqueras, après l’arrestation de 14 hauts responsables du gouvernement de la Catalogne au cœur de l’organisation du référendum, dont son bras droit.

M. Junqueras a assuré que son objectif était toujours d’organiser le référendum, prévu le 1er octobre, interdit par Madrid, mais toujours réclamé par des milliers de manifestants à Barcelone. Il est « évident que nous ne sommes pas en mesure de voter comme d’habitude », a-t-il dit cependant.

10 millions de bulletins saisis

Les forces de l’ordre ont aussi saisi, mardi et mercredi, près de 10 millions de bulletins de vote ainsi que les convocations qui devaient être adressées à environ 45 000 assesseurs. Elles n’ont en revanche pas encore mis la main sur les urnes elles-mêmes. Le gouvernement catalan a aussi vu ses comptes mis sous tutelle par le ministère du budget afin d’empêcher toute dépense illégale.

Le fait que ce référendum « ne peut avoir lieu dans les circonstances que nous aurions souhaitées est évident car nous aimerions que tous les citoyens de ce pays puissent circuler sans être arrêtés », a déclaré M. Junqueras.

M. Rajoy refuse le référendum au nom du respect de la Constitution, garante de la démocratie et de l’unité du pays. En face, Carles Puigdemont, le président séparatiste de la Catalogne, fait valoir que le peuple catalan doit pouvoir se prononcer sur son avenir, au nom d’un « droit civil » indispensable dans un régime démocratique.

Des Catalans mobilisés

Dans la rue, des milliers de manifestants ont commencé, jeudi, une nouvelle étape de « mobilisation permanente » pour le droit à l’autodétermination qu’ils réclament depuis 2012. Plus de 70 % des Catalans veulent pouvoir s’exprimer dans un référendum, même s’ils sont bien plus divisés sur la question de l’indépendance.

Jeudi midi, ils se sont massés devant la Cour d’appel de la Catalogne à Barcelone, réclamant aussi la libération des onze personnes arrêtées la veille, et encore en garde à vue. La réponse judiciaire aux revendications ont suscité beaucoup de critiques dans la région.

Le FC Barcelone, des universités publiques et le prestigieux festival de musique Primavera Sound ont dénoncé les opérations de police. Et dans le grand théâtre du Liceu, symbole de la bourgeoisie catalane, le public a entonné l’hymne catalan mercredi soir, comme le montrent des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Mercredi M. Rajoy leur avait demandé de « renoncer une fois pour toutes à cette escalade de radicalité et de désobéissance ». Il a été soutenu par le Parti socialiste, premier parti d’opposition.

En Catalogne, l’indépendantisme dans la peau