Manifestation de joie des independantistes dans les rues de Barcelone, vendredi 27 octobre. / GEORGES BARTOLI / DIVERGENCE POUR LE MONDE

La Catalogne se réveille sous tutelle de l’Etat espagnol samedi 28 octobre, au lendemain du vote, par le Parlement catalan, d’une résolution déclarant l’indépendance de la région fêtée par une partie des Catalans, mais aussitôt contestée par Madrid.

En attendant les nouvelles élections régionales, convoquées par Madrid pour le 21 décembre, la nuit barcelonaise a été dominée par les indépendantistes et leurs feux d’artifice, sur la place Sant Jaume. Mais la célébration a été de courte durée. L’annonce, dans la foulée, de la mise sous tutelle de la région a été accueillie par les huées des dizaines de milliers d’indépendantistes réunis à travers les villes catalanes.

Le petit parti d’extrême gauche, la Candidature d’unité populaire (CUP), qui avait résolument poussé à une proclamation immédiate de l’indépendance, a annoncé dans un tweet : « Nous continuerons à construire la République ! Nous ne nous soumettrons ni à l’autoritarisme de Rajoy, ni à l’article 155. »

Samedi, à Madrid, ce sera toutefois au tour des partisans du maintien de la Catalogne en Espagne de manifester.

Dissolution du Parlement

Manifestation de coleère des anti-indépendantistes dans le centre-ville de Barcelone, vendredi 27 octobre. / GEORGES BARTOLI / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Près d’un mois après le référendum d’autodétermination, le Parlement catalan a adopté, vendredi, un « processus constituant » pour se séparer de l’Espagne, lors d’un vote à bulletin secret. La résolution déclarant l’indépendance a été adoptée par 70 voix pour (sur 135 députés), en l’absence de la plus grande partie de l’opposition, qui avait quitté l’hémicycle.

En réaction, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, vendredi en début de soirée, la destitution du président catalan, Carles Puigdemont, la dissolution du Parlement de la Généralité et l’organisation d’élections anticipées. Parmi les autres mesures annoncées : la destitution du directeur de la police régionale ou encore la fermeture des « représentations » catalanes dans le monde.

« Le gouvernement a adopté ces mesures pour éviter la prise en otage inadmissible d’une majorité des Catalans et le vol d’une partie du territoire au reste des Espagnols », a plaidé M. Rajoy.

Dès samedi, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, devait réunir les secrétaires d’Etat qui seront chargés d’assumer les fonctions des gouvernants catalans.

Barcelone isolée

Mais les conséquences de cette déclaration d’indépendance unilatérale de la Catalogne sont incalculables. Signe de l’inquiétude en Europe, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné vendredi que l’UE n’a « pas besoin d’autres fissures ».

Dans la foulée du vote au Parlement catalan, la communauté internationale a clairement choisi le camp de Mariano Rajoy, se prononçant à l’unanimité pour le respect de l’Etat de droit.

Relevé de ses fonctions par Madrid, le président catalan, Carles Puigdemont, ne s’est pas exprimé depuis l’annonce officielle de sa destitution. Le parquet général d’Espagne avait déjà annoncé qu’il engagerait la semaine prochaine une procédure judiciaire pour « rébellion » contre M. Puigdemont, qui risque la prison.