Perquisition au siège de LafargeHolcim soupçonné de financement d’entreprise terroriste
Perquisition au siège de LafargeHolcim soupçonné de financement d’entreprise terroriste
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
En juin 2016, « Le Monde » avait mis en lumière de « troubles arrangements » alors que l’EI gagnait du terrain en Syrie.
Une information judiciaire a été ouverte le 9 juin pour financement d’entreprise terroriste et mise en danger de la vie d’autrui. / THOMAS SAMSON / AFP
Le groupe LafargeHolcim a confirmé, mardi 14 novembre, qu’une perquisition de police était en cours à son siège parisien dans le cadre de l’enquête sur sa cimenterie de Djalabiya dans le nord de la Syrie.
« LafargeHolcim confirme qu’une perquisition est en cours à son siège corporate français (…) et coopère pleinement avec les autorités, mais ne peut faire d’autre commentaire car il s’agit d’une enquête en cours », a dit une porte-parole du cimentier franco-suisse, confirmant une information de France Inter.
Le 9 juin, le parquet de Paris avait annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre le groupe. L’enquête a été confiée à deux juges d’instruction du pôle financier et à un magistrat instructeur du pôle antiterroriste. Cette information judiciaire a notamment été ouverte pour financement d’entreprise terroriste et mise en danger de la vie d’autrui.
Les enquêteurs devront déterminer les liens qu’a pu entretenir le cimentier franco-suisse avec plusieurs groupes en Syrie, dont l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), pour continuer à faire fonctionner la cimenterie de Djalabiya, malgré la guerre civile. L’EI s’était finalement emparé du site en septembre 2014.
Paiements confirmés
LafargeHolcim fait l’objet de plusieurs plaintes déposées à l’automne 2016 par le ministère français de l’économie, mais aussi par des ONG comme Sherpa qui s’était appuyée sur des témoignages d’anciens employés de l’usine.
Une enquête interne a confirmé que des paiements avaient été effectués à des groupes armés en Syrie et a jugé que des mesures visant à maintenir la cimenterie en activité étaient « inacceptables ».
LafargeHolcim a engagé des mesures correctives, mais a estimé que le directeur général Eric Olsen, dont le départ a été annoncé au printemps, « n’était ni responsable, ni pouvant être considéré comme informé des actes répréhensibles identifiés dans le cadre de cette enquête ».
En juin 2016, Le Monde avait mis en lumière ces témoignages pour révéler de « troubles arrangements » alors que l’EI gagnait du terrain et devenait incontournable dans la zone.
Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le groupe suisse Holcim, a admis début mars avoir « indirectement » financé en 2013 et 2014 des groupes armés en Syrie pour maintenir en activité sa cimenterie.