L’organisation par le syndicat d’enseignants SUD-éducation en Seine-Saint-Denis de deux ateliers « en non-mixité raciale », c’est-à-dire réservés aux non-Blancs, dans le cadre d’un stage syndical, a provoqué la polémique, lundi 20 novembre. Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a condamné un événement « inconstitutionnel et inacceptable » sur Twitter.

« Je condamne avec fermeté le projet d’une réunion syndicale triant les membres sur la base de leur origine. »

Intitulé « Au croisement des oppressions – Où en est-on de l’antiracisme à l’école ? », et prévu le 18 et 19 décembre, le stage propose deux sessions réservées aux « personnes racisées » : « Pratiques de classes : outils pour déconstruire les préjugés de race, de genre et de classe » et « Atelier récit d’expérience : quelle vie professionnelle pour les enseignant-e-s racisé-e-s ? ».

L’article annonçant le stage a été publié sur le site Internet de SUD-éducation 93 le 19 octobre, mais il a fallu le 20 novembre, un mois plus tard, pour qu’il suscite des réactions, d’abord via les réseaux sociaux. Repéré dans un tweet par Nassim Seddiki, secrétaire général du Printemps républicain (mouvement tenant d’une ligne ferme en matière de laïcité) et membre du Parti socialiste, samedi 18 novembre, il a été repris par le site d’extrême droite Fdesouche, qui en a fait un article qui a largement circulé.

« Critères dignes d’une exposition coloniale »

La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a réagi la première, dimanche 19 novembre dans la soirée, condamnant les ateliers interdits aux Blancs mais également l’utilisation à plusieurs reprises du terme « racisé » dans le programme du stage :

« Il n’existe pas d’élèves racisés en France qu’il faudrait apprendre à définir et à reconnaître ! Encore moins d’enseignants racisés qui constitueraient un sous-groupe au sein de l’éducation nationale. Nous refusons d’étiqueter les enfants des écoles de la République et leurs enseignants en fonction de critères dignes d’une exposition coloniale. »

La Licra a également dénoncé la présence parmi les intervenants du « CCIF [Collectif contre l’islamophobie en France] et [des] compagnons de route des Indigènes de la République ».

L’ancien porte-parole du CCIF, Marwan Muhammad, est ainsi convié à un débat sur « la question de l’islamophobie dans l’éducation nationale ».

« Avalanche d’insultes »

Le syndicat a dénoncé lundi en fin de journée « les offensives conjointes et diffamatoires de l’extrême droite, de la Licra et Blanquer », qui « ont suscité une avalanche d’attaques » et annoncé qu’il souhaitait porter plainte à la suite d’« insultes téléphoniques ».

SUD-éducation 93 s’insurge enfin contre « les attaques [qui] portent sur un “tri des origines” qui serait fait sur les participants du stage. SUD-éducation 93 condamne fermement ces propos et compte porter plainte pour diffamation contre tous les sites et individus qui propageraient ces propos ».

En mai, le festival « afroféministe » Nyansapo, organisé par le collectif Mwasi, avait déjà provoqué un débat similaire avec trois réunions (sur quatre) « non mixtes ».

En 2016, c’est l’organisation d’un camp d’été « décolonial » réservé « aux personnes subissant le racisme » – les non-Blancs – par les militantes Sihame Assbague et Fania Noël qui avait provoqué la polémique.