Comment une nouvelle « superpanne » a paralysé la gare Montparnasse
Comment une nouvelle « superpanne » a paralysé la gare Montparnasse
Par Éric Béziat
L’interruption du trafic dans la gare parisienne, qui va durer jusqu’à lundi matin, montre que les travaux de rénovation de la SNCF fragilisent parfois le système ferroviaire.
MARTIN BUREAU / AFP
Y aurait-il une malédiction de la gare Montparnasse ? Quatre mois après une panne majeure survenue un week-end de grands départs entre le 29 juillet et le 1er août, rebelote ce dimanche 3 décembre où, depuis 13 h 30, un problème technique a provoqué l’interruption totale du trafic gare Montparnasse, à Paris, au départ comme à l’arrivée.
Des milliers de voyageurs se sont retrouvés coincés sans que l’on connaisse précisément l’ampleur de la galère. A 19 heures, la SNCF n’était pas en mesure d’indiquer le nombre de trains annulés et de préciser combien de clients ont été touchés. La compagnie ferroviaire a toutefois rapidement annoncé que tous les reports, annulations et demandes de remboursement se feront sans frais pendant un mois.
La circulation devrait reprendre « au plus tard lundi matin », a précisé Didier Bense, directeur général de SNCF Réseau Ile-de-France. En attendant, tous les trains ont été détournés vers d’autres gares. Pour les TGV à destination de Bordeaux, Nantes et Rennes, un train par heure est assuré à la gare de Paris-Austerlitz dans les deux sens affirme la SNCF. Les trains de banlieue, trains régionaux et Intercité partent et arrivent de la gare de Versailles-Chantiers, accessible par RER
« Tout l’après-midi, nous avons fait en sorte qu’un minimum de train vers Paris, c’est-à-dire ceux qui sont le plus remplis, soient annulés, a expliqué au Monde un porte-parole de la SNCF. En revanche, dans l’autre sens, il y a des annulations, c’est fatal. Mais nous nous assurons que tous les voyageurs que nous reroutons vers Austerlitz y trouveront un train. » Pour faciliter le transfert des voyageurs, la RATP a renforcé la circulation des bus 91 entre Montparnasse et Austerlitz. La SNCF invite toutefois les personnes se rendant dans l’Ouest et le Sud-Ouest de la France à reporter leurs déplacements.
Situation « « inacceptable » et convocation du PDG par le gouvernement
MARTIN BUREAU / AFP
Cette nouvelle « superpanne » s’est produite à la suite d’une phase de travaux d’aménagement des voies et d’amélioration de l’outil informatique, qui devaient permettre d’ajouter des aiguillages pour augmenter le nombre de trains. Ce chantier a pris fin dimanche 3 décembre à midi, mais à peine un quart d’heure après la remise en service, un bug informatique a bloqué la signalisation et les aiguillages sur le secteur de la gare Montparnasse.
L’incident vient illustrer la situation particulière de la SNCF qui a entrepris, depuis cette année, une vague de travaux de régénération et de rénovation de son réseau. Paradoxalement, ce chantier sans précédent, qui a pour but d’améliorer la qualité du système ferroviaire français, le fragilise, en particulier en Ile-de-France où la densité des circulations transforme toute anicroche en problème majeur.
C’était le cas lors de l’incident de l’été, lié de manière indirecte, à la mise en service des nouvelles lignes à grande vitesse vers Rennes et Bordeaux. Ce fut le cas aussi il y a un mois, quand des travaux SNCF sur le RER Eole ont entraîné le percement accidentel du tunnel du RER A, le bloquant pendant quarante-huit heures.
Ces incidents à répétition ont fini par agacer la ministre des transports, Elisabeth Borne, qui a demandé à plusieurs reprises de mieux anticiper les risques liés aux travaux et en particulier de se pencher sur la « révision des règles de gestion du trafic » pour permettre une meilleure reprise des circulations en cas d’incident et sur un « calendrier précis d’amélioration du système d’information des voyageurs pour le rendre plus réactif et plus cohérent ».
La ministre, qui s’est rendue dimanche soir gare Montparnasse pour faire le point avec les équipes sur place, a déploré une situation « « inacceptable » et a convoqué, lundi, le PDG de SNCF Réseau
Ce nouvel accroc à ce que les spécialistes appellent « la robustesse du système ferroviaire », sera aussi un test pour le nouveau plan d’information aux voyageurs mis en place par la SNCF après l’incident de l’été à Montparnasse. Guillaume Pepy, président de la SNCF, a érigé l’information aux voyageurs en priorité n° 1 « au même niveau que la sécurité. »