Delahousse-Macron : une interview en marchant
Delahousse-Macron : une interview en marchant
Par Véronique Cauhapé
Dimanche soir, l’entretien qu’a accordé le président de la République au journaliste de France 2 a pris la forme inédite d’une déambulation à travers l’Elysée. Une forme qui n’a pas manqué de susciter des commentaires
Laurent Delahousse et Emmanuel Macron dans le bureau officiel du président / France 2
En marche et debout. L’interview accordée par Emmanuel Macron à Laurent Delahousse, enregistrée mardi 12 et diffusée dimanche soir sur France 2, a offert aux téléspectateurs un moment de télévision inédit.
La forme qui a été donnée à cet exercice entre un journaliste et un président de la République n’avait en effet jamais adopté de tels partis pris de mise en scène : ceux d’une déambulation à travers l’Elysée, filmée par des caméras en mouvement qui lorsqu’elles étaient fixes, alternaient gros plans sur les visages, plans taille (réputés pour mettre en valeur l’élégance de son sujet), plongées, champs-contre-champs… Des changements d’axe qui épousaient parfois ceux des thématiques abordées, appuyaient un mot, une formule. Une réalisation réglée au cordeau.
Un petit air de visite guidée
C’est dans le bureau officiel du président de la République qu’a commencé cette interview de 45 minutes : Emmanuel Macron et Laurent Delahousse debout, débutant leur entretien sur les lieux, les horloges et le temps. « Les horloges sont partout » a remarqué le journaliste qui, plusieurs fois, a évoqué la décoration, comme s’il s’agissait aussi de nous faire visiter l’Elysée. En fait, il s’agissait aussi un peu de cela.
Après les affaires internationales, l’écologie. Les deux hommes, demeurés statiques devant le bureau (qui n’avait pas toujours été disposé ainsi, a encore souligné l’interviewer), ont commencé à se mettre en marche, pour passer dans une autre salle au moment où le président expliquait sa politique en matière de nucléaire et d’énergie renouvelable.
Un entretien où il fut souvent question d’horloge... / France 2
C’est sur Nicolas Hulot que s’est ensuite produit le troisième changement de pièce. « Je ne veux pas de gens qui soient assis et contents d’être ministre. Je veux des gens qui agissent », a expliqué Emmanuel Macron, lui-même en train d’appliquer ce qu’il est en train d’énoncer. De fait : « Je fais ce que j’ai dit », a-t-il toujours affirmé depuis son élection, concernant le programme présenté durant sa campagne et sa volonté de l’appliquer.
Une allusion encore des « horloges », histoire de rappeler que le temps file et que l’entretien ne va pas tarder à se terminer – en télévision, on appelle cela, une transition – et qu’il fallait entreprendre la descente de l’escalier. Elle s’est faite s’en précipitation, posément, avec quelques poses, à la façon d’une discussion « presque informelle ».
Tonalité pédagogique
C’est dans l’entrée, quand la fin approchait, qu’a été abordé l’audiovisuel public français dont le président de la République a jugé qu’il était structuré « sur le monde d’avant ». Celui-là même que visait à effacer cette déambulation aux allures parfois de « Journée du Patrimoine ». Une forme inédite qui visait à « rapprocher » les Français de leur président. Tant par la tonalité pédagogique des propos tenus par Emmanuel Macron que par les choix de mise en scène.
Une mise en scène que certains commentateurs des chaînes d’information ont qualifiée, dans les heures qui ont suivi, de « moderne », en adéquation avec Emmanuel Macron. Une forme qui cachait ce qui n’avait pas été abordé, selon la députée La France insoumise des Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, qualifiant ce moment de « publireportage ». Sur les réseaux sociaux, les avis des internautes reflétaient ses deux tendances.