« In the fade » : la vengeance dans le vide
« In the fade » : la vengeance dans le vide
Par Jacques Mandelbaum
Dans ce film sans subtilité, Diane Kruger, prix d’interprétation féminine à Cannes, incarne une femme qui cherche à se venger après la mort de son mari et de son fils.
Diane Kruger dans le film « In the fade » de Fatih Akin. / PATHE DISTRIBUTION
Représentant de la diversité du cinéma allemand dans la catégorie auteur grand public, porteur des voix et de la représentation d’une immigration turque dont il est lui-même issu, Fatih Akin est l’auteur d’une œuvre frontale sur des sujet de préférence explosifs à laquelle aura toujours manqué, à notre humble avis, un tant soit peu de trouble et de subtilité. Délaissant dans In the fade la tentation baroque qui court dans ses films au profit d’un traitement plus naturaliste de l’intrigue, il met en scène ici la vengeance d’une femme, Katja, interprétée par Diane Kruger (prix d’interprétation féminine à Cannes).
Un récit schématisé à outrance
Celle-ci perd son mari, d’origine kurde, et son petit garçon, dans un attentat à la bombe organisé par un couple de jeunes néo-nazis. Tandis que la police cherche d’abord du côté d’un règlement de comptes dans les milieux de l’immigration et que les familles mixtes se déchirent autour de la jeune femme, la justice finit par faire comparaître les deux suspects, mais les acquitte au bénéfice du doute. Katja part alors à leur recherche pour rendre elle-même la justice. Hélas, le réalisateur schématise à tel point son récit qu’il lui ôte à peu près tout intérêt. Personnages mono-bloc (vengeresse impavide, assassins cyniques, familles sordides), traitement lapidaire de l’histoire (aucune tentative de compréhension des phénomènes), dramaturgie erratique (film de prison ? film de procès ? film de vengeance ? ), le tout enveloppé dans une esthétique d’une laideur consommée.
In fine, on a le sentiment qu’une double contrainte semble avoir détruit le film de l’intérieur. La tentation, d’une part, d’un film de vengeance épuré dont le trajet ne s’embarrasse pas de mots. Le désir d’exprimer, d’autre part, l’inquiétude face à la montée d’un néo-nazisme allemand sous-estimé par les autorités. Refusant de trancher, Fatih Akin s’est un peu pris les pieds dans le tapis, sans même parler de la fin problématique du film, qui nécessiterait à elle seule un débat sur les implications morales et politiques qu’elle induit.
In the Fade - Bande-annonce officielle HD
Durée : 01:20
Film allemand de Fatih Akin. Avec Diane Kruger, Denis Moschitto, Johannes Krisch. (1h46). Sur le web : www.pathefilms.com/film/inthefade, www.facebook.com/InTheFade.lefilm