Trois dirigeants catalans contestent leur détention provisoire devant l’ONU
Trois dirigeants catalans contestent leur détention provisoire devant l’ONU
Les trois ex-responsables en appellent au groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire pour faire pression sur l’Etat espagnol.
Les avocats et défenseurs des droits humains Jessica Jones (à gauche), Ben Emmerson (au centre) et Rachel Lindon (à droite) donnent une conférence de presse à propos de la situation des trois ex-dirigeants catalans qu’ils défendent, le 1er février 2018. / Matt Dunham / AP
Trois dirigeants indépendantistes catalans en détention provisoire ont engagé un recours devant les Nations unies pour contester la légalité de leur détention, ont annoncé jeudi 1er février leurs avocats.
Oriol Junqueras (ex-vice-président du gouvernement catalan), Jordi Sanchez (ex-président de l’Assemblée nationale catalane) et Jordi Cuixart (président de l’association indépendantiste Omnium Cultural) sont accusés de sédition pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne à l’automne dernier.
Ces trois personnalités ont engagé leur recours devant le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, un groupe d’experts chargé de faire des recommandations aux Etats qui ne respectent pas la légalité. C’est ce même groupe qui a conclu en février 2016, après un an et demi d’enquête, que Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, était détenu « arbitrairement ».
Alors que d’autres organisateurs du référendum et de la déclaration d’indépendance de l’an dernier — deux actes déclarés illégaux par l’Espagne — se sont enfuis à Bruxelles, Oriol Junqueras, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart ont été arrêtés et n’ont pas obtenu d’être laissés en liberté avant leur procès.
Leurs avocats dénoncent une « insulte aux droits humains »
« Leur détention en Espagne est une insulte aux droits humains, laquelle a pour but de les empêcher de remplir leur rôle de représentants politiques du peuple catalan », a déclaré un de leurs avocats, Ben Emmerson, dans une déclaration lue avant une conférence de presse à Londres.
Les avocats ne demandent pas au groupe de travail sur la détention arbitraire de se prononcer sur le référendum d’indépendance du 1er octobre 2017, mais de dire qu’un gouvernement ne peut pas réprimer la dissidence politique en mettant des opposants en détention provisoire, a expliqué Ben Emmerson.
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a mis la Catalogne sous administration directe de l’Etat espagnol à la fin d’octobre et a convoqué des élections régionales pour tenter d’obtenir un vote défavorable aux partis indépendantistes.
Des manifestants appelant sur leurs bannières à libérer les « prisonniers politiques » lors d’une manifestation en soutien aux responsables politiques catalans placés en détention provisoire, en face de la mairie de Sant Vicenç dels Horts, le 4 janvier 2018. / Manu Fernandez / AP
Lors de ce scrutin anticipé, le 21 décembre 2017, le chef du gouvernement espagnol a perdu son pari. Les électeurs ont envoyé de nouveau au Parlement régional catalan une majorité en faveur de l’indépendance.
Quant à l’élection du chef de l’exécutif catalan, à laquelle devait procéder ce mardi le nouveau Parlement régional, elle a été repoussée sine die, le candidat indépendantiste étant l’ancien président Carles Puigdemont, réfugié depuis trois mois à Bruxelles.