Insultes visant la veuve du préfet Erignac : l’ex-chef du FLNC convoqué à la gendarmerie
Insultes visant la veuve du préfet Erignac : l’ex-chef du FLNC convoqué à la gendarmerie
Le Monde.fr avec AFP
L’ex-chef du Front de libération nationale corse Charles Pieri doit être entendu par les gendarmes dans le cadre de l’enquête ouverte sur la diffusion sur Facebook d’un message injurieux envers la veuve du préfet Erignac.
La veuve du préfet Erignac, Dominique Erignac, accompagnée de son fils, attend l’arrivée du président Macron, le 6 février 2018, peu avant le début de la cérémonie commémorant les 20 ans de l’assassinat de son époux. / OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP / « Le Monde »
Le message avait été publié le 7 février sur Facebook, dans la nuit qui a suivi la cérémonie d’hommage au préfet Claude Erignac, assassiné il y a vingt ans à Ajaccio. La veuve du haut fonctionnaire, Dominique, y était présentée comme « le symbole de la femme française », ces femmes qui « de 1940 à 1944, réussirent à faire 400 000 petits bâtards aux valeureux soldats du Troisième Reich ». Ce message a été diffusé sur le compte « Di l’altu pianu », attribué à Charles Pieri, ancien chef du Front de libération nationale corse (FLNC).
Dans le cadre de l’enquête ouverte à la suite de la diffusion de ce message injurieux, ce dernier est convoqué mardi 13 février dans la matinée à Ghisonaccia (Haute-Corse) pour être entendu par les gendarmes. L’association de défense des prisonniers dits « politiques » corses Suladiratu, annonçant cette convocation sur son compte Twitter, a appelé à un rassemblement de soutien devant la gendarmerie de Ghisonaccia.
Le retour de M. Pieri jugé « inquiétant »
Jacqueline Gourault, la « Madame Corse » du gouvernement, qui doit recevoir mardi à Paris les dirigeants nationalistes de Corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, a confirmé mardi matin sur CNews que cette convocation survenait « dans le cadre de l’enquête » sur ce message, qu’elle a qualifié de « déclaration immonde, abjecte ».
Tout en saluant la réaction « rapide, claire et nette » de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif corse, qui a dénoncé fermement le message dimanche midi, Mme Gourault a jugé « inquiétant » que M. Pieri reprenne un rôle de premier ordre « dans le parti de Jean-Guy Talamoni », Corsica Libera.
M. Pieri, figure de la violence clandestine, a en effet resurgi dans l’actualité insulaire en participant à la réunion de préparation de la grande manifestation à l’appel des nationalistes organisée le 3 février. Il a également annoncé il y a deux semaines « reprendre une place de responsable dans l’exécutif » du parti de Jean-Guy Talamoni.
« Infraction pénale »
« Le contenu de ce texte est inacceptable et contraire à ce que je suis et ce que je pense, au plan philosophique, éthique et politique », avait déclaré Gilles Simeoni. Jean-Guy Talamoni a attendu lundi pour réagir dans un communiqué : « Quel qu’en soit l’auteur, je n’en partage évidemment pour ma part ni la forme ni la teneur. »
« Il y a constitution d’une infraction pénale d’injure par voie de communication, qui a justifié l’ouverture d’une enquête judiciaire », a déclaré dimanche le procureur de la République d’Ajaccio, Eric Bouillard, précisant avoir effectué un signalement d’abus pour « offense » auprès du réseau social qui a été retiré le message samedi. Une enquête contre X a également été ouverte dès jeudi.
Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni doivent évoquer à 10 h 30 avec Mme Gourault l’inscription de la Corse dans la Constitution, une mesure annoncée par Emmanuel Macron pendant sa visite en Corse. « C’est le début d’une discussion concrète » et « ce matin nous allons demander aux représentants de la collectivité de Corse ce qu’ils souhaitent précisément à travers la modification constitutionnelle », a expliqué sur CNews Mme Gourault.