Israël : la police recommande l’inculpation du premier ministre Nétanyahou pour corruption
Israël : la police recommande l’inculpation du premier ministre Nétanyahou pour corruption
Le Monde.fr avec AFP
Le premier ministre a immédiatement proclamé son innocence, mardi soir à la télévision. La décision de le mettre officiellement en examen dépend, désormais, du procureur général.
A la tête du gouvernement depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, M. Nétanyahou a dépassé les onze ans de pouvoir au total. / THOMAS COEX / AFP
Après deux ans d’enquête, la police israélienne a recommandé, mardi 13 février, l’inculpation de Benyamin Nétanyahou dans deux affaires. Dans un communiqué, elle explique « qu’il existait suffisamment de preuves contre le premier ministre pour l’inculper pour avoir accepté des pots-de vin, pour fraude et abus de confiance ».
Le premier ministre a tout de suite proclamé son innocence, mardi soir, à la télévision israélienne. « Ces recommandations n’ont aucune valeur juridique dans un pays démocratique », a-t-il déclaré en réfutant toutes les accusations de la police. La décision de le mettre officiellement en examen dépend, désormais, du procureur général.
Deux enquêtes
Au cœur de ces enquêtes, des cadeaux – des cigares de luxe dont il est friand par exemple – que le premier ministre aurait reçus de la part de riches personnalités comme James Packer, un milliardaire australien, ou Arnon Milchan, producteur à Hollywood. La valeur totale de ces cadeaux a été chiffrée par les médias à des dizaines de milliers de dollars.
M. Nétanyahou est directement visé par une autre enquête. Elle cherche à déterminer s’il aurait essayé de conclure un accord secret avec le propriétaire du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de la part du plus grand quotidien israélien payant. La police n’a pas encore tranché dans ce dossier si elle allait préconiser l’inculpation, affirment les médias.
M. Nétanyahou, interrogé à sept reprises depuis l’ouverture des enquêtes fin 2016, a admis, la semaine dernière, l’imminence de recommandations policières. Il s’est redit « confiant dans le fait qu’au bout du compte les responsables judiciaires parviendront à la seule conclusion possible, à cette simple vérité : il n’y a rien ».
M. Nétanyahou, 68 ans, a été soupçonné à plusieurs reprises par le passé, sans être inquiété. Les noms de son avocat personnel et d’un ancien chef de bureau apparaissent dans une autre affaire de corruption présumée liée à l’achat de trois sous-marins allemands.
Record de longévité de Ben Gourion en ligne de mire
A la tête du gouvernement depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, M. Nétanyahou a dépassé les onze ans de pouvoir au total. Sans rival apparent, il pourrait battre le record de longévité de l’historique David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël, si l’actuelle législature va à son terme en novembre 2019. Selon la ministre de la justice, Ayelet Shaked, il ne serait pas tenu de démissionner s’il était inculpé.
Quand un premier ministre est inculpé, il n’est tenu de démissionner qu’une fois épuisés tous les recours contre son inculpation, a déclaré l’expert Ofer Kenig, de l’Israel Democracy Institute.
La loi permet, cependant, au Parlement d’engager une procédure spéciale contre le premier ministre après l’inculpation et avant l’épuisement des recours si le chef du gouvernement est mis en cause pour turpitude morale, a-t-il dit.
La justice israélienne peut avoir la main lourde contre les plus hauts dirigeants. Le prédécesseur et ancien adversaire de M. Nétanyahou, Ehoud Olmert, au pouvoir de 2006 à 2009, a été libéré en juillet 2017 après un an et quatre mois de prison pour corruption. M. Olmert, cité par les médias, est sorti de son silence mercredi et a souhaité que M. Nétanyahou « achève son mandat de manière rapide et honorable ».