Au Togo, l’opposition suspend ses manifestations
Au Togo, l’opposition suspend ses manifestations
Le Monde.fr avec AFP
Cette décision a été prise pour donner une chance aux discussions alors que depuis septembre 2017, des milliers de Togolais défilent contre le pouvoir.
La coalition de l’opposition au Togo, qui proteste depuis six mois contre le président Faure Gnassingbé, a annulé les manifestations prévues la semaine prochaine. Cette décision a été prise après une rencontre avec le président ghanéen, facilitateur dans la crise politique togolaise, a annoncé vendredi 9 mars le porte-parole de l’opposition à l’AFP.
Les manifestations avaient été suspendues en raison de l’ouverture le 19 février d’un dialogue avec le pouvoir. Mais l’opposition avait décidé de reprendre ses marches dès le 13 mars, accusant le gouvernement de poursuivre unilatéralement le processus devant conduire aux prochaines élections.
« Le facilitateur, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, qui a reçu une délégation de la coalition mercredi à Accra, nous a demandé de lui accorder une semaine afin de mener des tractations auprès du gouvernement. Nous avons accepté », a déclaré Eric Dupuy, porte-parole de la coalition. « Le régime en place n’a jamais respecté ses engagements. Si rien ne sort de ces tractations, nous allons reprendre la rue car nous n’accepterons pas que le gouvernement mène unilatéralement le processus électoral », a-t-il souligné.
Scrutins contestés
Les autorités togolaises n’ont pas réagi dans l’immédiat aux accusations de l’opposition. Le gouvernement a nommé, la semaine dernière, les présidents des commissions électorales locales indépendantes (CELI) en vue des prochaines élections, notamment les législatives. Aucune date n’a encore été annoncée pour la tenue de ce scrutin. Les dernières législatives remontent à juin 2013 et les députés sont élus pour un mandat de cinq ans.
L’opposition parlementaire n’a pas encore désigné ses représentants à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), estimant que sa composition doit être rééquilibrée dans le cadre des réformes institutionnelles prévues par le dialogue.
Depuis septembre 2017, des marches populaires pour demander la démission du président Faure Gnassingbé et la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes.
Le président Gnassingbé a succédé en 2005 avec le soutien de l’armée à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé sans partage le pays pendant trente-huit ans. Il en est aujourd’hui à son troisième mandat, ayant été réélu lors de scrutins contestés par l’opposition, en 2010 et en 2015.