Dans les jardins de l’impératrice Joséphine
Dans les jardins de l’impératrice Joséphine
Par Lucien Jedwab
Une exposition s’essaie, avec les moyens de la scénographie contemporaine, à recréer l’étendue et à faire revivre l’attrait de l’ensemble pittoresque de Malmaison.
« Le Temple de l’Amour », par Auguste Garnerey, aquarelle (Musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau). / RMN/FRANCK RAUX
Joséphine de Beauharnais (1763-1814) a eu un destin peu commun. Elle a laissé à la postérité un personnage aussi romancé que celui de Marie-Antoinette. Et comme cette dernière avec le Petit Trianon, son nom est attaché à un jardin exceptionnel, celui de Malmaison. Jusqu’au 29 avril, une exposition, « Malmaison, un jardin d’expérience », dans l’orangerie du parc attenant de Bois-Préau, s’essaie, avec les moyens de la scénographie contemporaine, à recréer l’étendue et à faire revivre l’attrait de cet ensemble pittoresque. « Digne d’être peint », ce jardin l’était assurément. S’y employa, à la demande de Joséphine elle-même, le peintre Auguste Garnerey (1785-1824), qui fit une série d’aquarelles reproduites dans le livre qui accompagne l’exposition. En dehors de leur charme indéniable, celles-ci constituent un témoignage irremplaçable sur un domaine qui est resté sans équivalent.
Née Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, à la Martinique, la future « Joséphine » épousera un créole et monarchiste comme elle, le vicomte de Beauharnais, qui, lui, finira sur l’échafaud. La rencontre avec le futur général en chef de l’armée d’Italie et les épisodes suivants sont connus. Simultanément, elle n’eut de cesse de faire du domaine acquis en son propre nom en 1799 un paradis verdoyant lui rappelant ses « Isles ». Grâce aux libéralités du tout-puissant mari qui l’avait néanmoins répudiée, elle entrepris d’étendre les jardins, par une succession d’acquisitions qui portèrent la surface du domaine à plus de 700 hectares (réduits à… 6 aujourd’hui). Son réel intérêt pour la botanique la conduisit à recourir aux services des meilleurs savants, jardiniers ou illustrateurs de son temps.
Dans les jardins de la Malmaison
La plus grande serre chauffée de l’époque
Pour approvisionner son jardin en plantes rares ou exotiques, elle bénéficia d’envois de pépiniéristes… anglais (malgré le blocus continental !) ou des retours des scientifiques ayant accompagné les expéditions napoléoniennes. Pour faire l’inventaire des roses et pivoines de son jardin, elle fit appel au fameux aquarelliste Pierre-Joseph Redouté. Et c’est à un botaniste de renom, Aimé Bonpland, qu’elle confia l’intendance de son domaine. Avant de faire construire la plus grande serre chauffée de l’époque, accolée au château de la Petite Malmaison. Celui-ci est aujourd’hui une propriété privée – que l’on peut visiter –, séparée du domaine lors d’un des nombreux lotissements du XIXe siècle. C’est l’extérieur et l’intérieur (à la perspective déformée par l’artiste…) de cette serre chaude, détruite en 1827, qui ont été représentés par Auguste Garnerey dans deux de ses aquarelles. Qui ont également servi à la spectaculaire modélisation en 3D présentée dans l’exposition.
« Intérieur de la serre chaude », par Auguste Garnerey, aquarelle (Musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau). / RMN/FRANCK RAUX
Les volières installées près des caisses d’orangers rappellent que de nombreuses espèces animales aussi ont été acclimatées ici pour la première fois, dont des « cangourons » (sic) et des rares cygnes noirs d’Australie (dont quelques couples viennent d’être récemment réinstallés). Des moutons mérinos, « prêtés » pour l’occasion par le domaine de Rambouillet, rappellent l’importante activité fermière qui a également régné sur ce domaine étonnamment précurseur.
« Malmaison : un jardin d’expérience », exposition présentée dans l’orangerie du parc de Bois-Préau (attenant au parc de la Malmaison), du mercredi au dimanche, de 12 heures à 17 h 30, jusqu’au 29 avril. Auguste Garnerey : vues du jardin de Joséphine, par Christophe Pincemaille, Editions des Falaises/Réunion des musées nationaux, 64 p., 21 €.