TV – « Monstre sacré », fausse minisérie, vraie déception
TV – « Monstre sacré », fausse minisérie, vraie déception
Par Renaud Machart
Cette production britannique, qui a tout d’un téléfilm divisé en quatre parties, déçoit par sa réalisation peu convaincante et un jeu d’acteur qui semble superficiel (sur Arte à 20 h 55).
Tim McInnerny (Karl) et Julie Walters (Marie Finchley) | © The Forge & all3media Internat
Une semaine après Sous influence, Arte diffuse de nouveau une production britannique présentée comme une « minisérie », alors qu’il s’agit de quatre épisodes qui n’ont pas la dramaturgie ad hoc et pourraient sans dommage être réduits de moitié, soit le temps d’un téléfilm. De surcroît, la structure des épisodes – avec, dans le dernier, la tenue d’un procès – renforce l’impression de redite de ce que proposait Sous influence.
Une minisérie n’est pas forcément une série courte. Charlotte Blum, dans Vous aimez les séries, ce livre est pour vous (La Martinière, 2015), écrit : « Contrairement aux séries, qui peuvent s’étendre sur plusieurs saisons, les miniséries n’en ont qu’une, avec un nombre d’épisodes déterminé. Citons par exemple Olive Kitteridge ou Generation Kill. » Si Generation Kill (2008), créée par David Simon, Ed Burns et Evan Wright, comptait sept épisodes, Olive Kitteridge (2014), deLisa Cholodenko, comme Sous influence et Monstre sacré, s’en tenait à quatre volets. Mais la créatrice et réalisatrice d’Olive Kitteridge présentait son travail en précisant au générique qu’il s’agissait d’un film.
Non-événement télévisuel
Le propos de Monstre sacré s’inspire librement du cas de l’humoriste britannique Jimmy Saville (1926-2011), vedette du petit écran dont il fut révélé, un an après sa mort, qu’il avait été l’auteur de nombreuses agressions sexuelles (près de 300) : Paul Finchley, un célèbre humoriste et présentateur de la télévision britannique, se voit accusé par une ancienne « fan » de l’avoir violée près de trente ans plus tôt.
La presse à scandale en fait ses choux gras, et d’autres victimes présumées, dont l’ancienne baby-sitter de la fille de Paul, accusent l’homme à leur tour. Mais on comprend vite que la réalité est complexe et ambivalente.
La réalisation, habile mais sans relief, ne fait pas de Monstre sacré un événement télévisuel : en montrant la relativité des situations, elle appauvrit le propos au lieu de l’enrichir. Le jeu des acteurs, y compris celui de Robbie Coltrane (connu pour son rôle récurrent dans les films Harry Potter) en Paul Finchley, semble de surcroît rester à la surface du mystère.
Monstre sacré (National Treasure), minisérie créée par Jack Thorne. Avec Robbie Coltrane, Julie Walters, Tim McInnerny (Royaume-Uni, 2016, 4 × 48 min).