Quatre questions à se poser avant de souscrire l’assurance de son crédit immobilier
Quatre questions à se poser avant de souscrire l’assurance de son crédit immobilier
Par Aurélie Blondel
Pour être bien couvert et au bon prix, un décryptage des garanties et une analyse de vos besoins s’imposent.
Il faut faire jouer la concurrence pour obtenir les meilleures conditons tarifaires pour l’assurance de son crédit immobilier / Buröneko
Vous avez âprement négocié le prix de votre maison et décroché un taux avantageux pour votre prêt. Bien joué ! Mais ce n’est pas (encore) le moment de vous reposer sur vos lauriers. Il reste à choisir l’assurance emprunteur qui collera à votre situation personnelle et vous couvrira au mieux en cas de pépin… sans trop gonfler le coût du crédit.
Le contexte est propice. Une nouvelle loi permettant à la concurrence de jouer enfin pleinement sur ce marché, les vendeurs historiques, les banques et les « délégations d’assurance » sont sur le qui-vive. De quoi trouver des conditions tarifaires intéressantes si vous prenez le temps de comparer les offres. Pas simple toutefois, le sujet est technique. Un exercice d’introspection s’impose pour déterminer vos besoins ; un autre de décryptage, pour comprendre les contrats.
Vous pouvez choisir votre assureur mais, pour accorder le crédit, la banque exigera que vous soyez couvert contre certains risques. « Pour un investissement locatif sont demandées les garanties DC/PRIA », qui couvrent le décès et la perte totale et irréversible d’autonomie, indique Antoine Fruchard, fondateur de Reassurez-moi.fr.
Si vous achetez un bien pour y vivre, il faut en sus être protégé en cas d’arrêt de travail (ITT, incapacité temporaire totale) et d’invalidité permanente totale (IPT). D’autres garanties sont optionnelles, comme l’invalidité permanente partielle (IPP), que nous recommandons. Avant de choisir votre contrat, quatre questions fondamentales doivent être posées.
1. Quelles sont les exclusions de garanties, les situations non couvertes ?
« La pratique d’un sport à risque, la conduite de deux-roues de plus de 85 cm3 et certaines professions peuvent être exclues », explique Maël Bernier, la porte-parole de Meilleurtaux.com. « En cas de problème de santé, l’assureur peut aussi vous fixer des exclusions », ajoute Antoine Fruchard. Certains contrats excluent en outre les séjours à l’étranger. A vous de dire si tout cela est acceptable dans votre cas.
Si ça ne l’est pas, vous pouvez chercher un assureur adapté à votre situation. Ou même, si besoin, « racheter » l’exclusion, donc payer plus cher pour être couvert, par exemple pour les pathologies psychologiques et dorsales. Les couvertures cessant au-delà d’un certain âge, variable selon les assureurs et les garanties, pensez à vérifier également ces limites et à les prendre en compte dans votre choix.
Outre les exclusions, renseignez-vous sur les franchises – délais avant le déclenchement de l’assurance. C’est par exemple souvent 90 jours pour un arrêt de travail. Un délai plus court coûte plus cher, et inversement. « Une franchise de 180 jours, qui diminue sensiblement la prime, peut être intéressante si votre contrat de prévoyance entreprise vous garantit un maintien de salaire de six mois ou plus en cas d’arrêt de travail », note Sylvain Lefèvre, de la Centrale de financement.
2. Faut-il souscrire la garantie perte d’emploi, optionnelle ?
« Je ne la conseille pas formellement, répond Maël Bernier, elle est encore trop coûteuse par rapport à ce qu’elle couvre. » Souvent, elle ne concerne en effet que les salariés en CDI licenciés, et elle n’est déclenchée qu’après plusieurs mois de chômage, à condition d’être assuré depuis un certain temps. De plus, elle ne couvrira pas toute la période de recherche d’emploi si elle est longue. Restrictif !
3. Quelles quotités fixer pour chaque garantie ?
Question clé si vous empruntez à deux. C’est la part du prêt assurée pour chaque membre du couple. Vous pouvez par exemple couvrir les deux à hauteur de 100 % du crédit, ou de 50 %. La fixation des quotités est à prendre au sérieux, en fonction de vos situations financières, professionnelles et familiales, car les impacts sont lourds en termes de tarif et de couverture. Ainsi, quand les emprunteurs sont chacun assurés sur la totalité du crédit pour le décès, le capital est intégralement remboursé par l’assureur si l’un meurt. Mais il restera au survivant à régler la moitié des mensualités si le défunt n’était assuré qu’à 50 %.
4. Faut-il préférer des mensualités fixes (calculées sur le capital total emprunté) ou dégressives (calculées sur le capital restant dû) ?
Il n’est certes pas commode de devoir payer plus en début de prêt, mais le calcul dégressif permet généralement d’économiser plus de 10 % du coût total du prêt. « Mais attention, déménagements et remboursements anticipés font que les emprunteurs allant au terme d’un emprunt sont rares », rappelle Arroger Mainguy, président d’April santé prévoyance.
« Il faut donc estimer l’espérance de vie du crédit et comparer le coût de l’assurance avec différentes durées. » Et pas seulement le coût global au terme initialement choisi.
Ces questions réglées, il reste, comme toujours, à lire les petites lignes du contrat. Certaines subtilités peuvent être lourdes de conséquences. Ainsi, pour l’invalidité permanente totale, vérifiez que vous serez couvert si vous vous retrouvez dans l’impossibilité d’exercer « votre » profession, et non « toute » profession. Un détail qui n’en est pas un…