Les Emirats versent 50 millions de dollars à l’Unesco pour reconstruire Mossoul
Les Emirats versent 50 millions de dollars à l’Unesco pour reconstruire Mossoul
Par Florence Evin
Ce soutien financier s’inscrit dans le programme « Faire revivre l’esprit de Mossoul ».
A Mossoul (Irak), la grande mosquée Al Nouri, détruite à l’explosif le 21 juin 2017 par l’organisation Etat Islamique, et qui sera reconstruite. / UNESCO/ICONEM
« Faire revivre l’esprit de Mossoul », l’ambitieux programme de l’Unesco pour la reconstruction du centre historique de la ville irakienne a reçu, lundi 23 avril, le soutien financier des Emirats Arabes Unis (EAU) pour un montant de 50,4 millions de dollars. Comme l’a annoncé, lundi 23 avril, Audrey Azoulay, la directrice générale de l’organisation onusienne, « il s’agit d’un partenariat historique, d’une coopération inédite, dont l’ampleur est sans précédent pour reconstruire le patrimoine culturel de Mossoul (…) C’est une occasion unique de faire renaître l’espoir, de renforcer la cohésion sociale et de servir de tremplin à l’emploi et à la formation des jeunes », a-t-elle ajouté.
A Mossoul (Irak), les destructions les plus visibles sont le long du Tigre et le long des grandes artères bordées d’immeubles en béton des années 1970. / UNESCO/ICONEM
Cet accord, signé entre l’Unesco, les EAU et l’Irak, concerne la restauration et la reconstruction du cœur vivant de Mossoul, notamment celle de l’emblématique mosquée Al Nouri (1172), dont le minaret penché, de 45 mètres de haut, la « tour de Pise irakienne », a été détruit à l’explosif, le 21 juin 2017, par l’organisation Etat Islamique (EI). Audrey Azoulay précise qu’« au cours de la première année, l’Unesco réalisera un travail de documentation et de déblayage du site et établira les plans de reconstruction ». Les quatre années suivantes seront celles de l’action sur le terrain, une action qui devra être fidèle aux dictats du plan de reconstruction, incluant les jardins historiques comme les espaces et infrastructures publics, avec la construction d’un mémorial et d’un nouveau musée.
Etat des lieux des destructions
Le vieux cœur historique de la deuxième plus grande ville d’Irak borde la rive est du Tigre, alors que l’antique Ninive est, elle, située sur la rive ouest. Seuls les grands axes du centre historique ayant été déminés, il demeurait impossible de pénétrer le maillage des venelles desservant les quartiers latéraux, pour en documenter les destructions.
A Mossoul (Irak), sur la rive gauche du Tigre, vue par drone du tissu urbain traditionnel. / UNESCO/ICONEM
C’est pourquoi, anticipant l’énorme chantier à venir, l’Unesco avait demandé, dès février – lors de la Conférence internationale pour la reconstruction de l’Irak tenue au Koweit –, à son prestataire technique, l’architecte Yves Ubelman, fondateur et directeur de la start-up Iconem, de se rendre à Mossoul. Spécialiste du patrimoine en péril en situation de conflit, celui-ci opère au moyen d’un drone pour documenter, en urgence dans des zones encore inaccessibles au sol, l’état des lieux des destructions.
« Une cartographie quartier par quartier »
Yves Ubelman était, donc en février, à Mossoul pour une mission de numérisation en 3D, mandatée et financée par l’Unesco, avec des relevés à l’échelle urbaine. « 65 000 photos, à différentes hauteurs, ont été prises en une semaine, indique-t-il, c’est une grande première à cette échelle – sur une surface d’un kilomètre et demi par un kilomètre et demi. L’objectif est d’établir une cartographie quartier par quartier, maison par maison, et sur des dizaines de monuments, avec des techniques de relevés à multi-échelles, urbaine et architecturale, jusqu’au détail structurel. » Lesquelles permettront d’analyser l’ampleur des dégâts.
A Mossoul (Irak), vue générale des destructions autour de l’artère centrale rectiligne, une faille dans le centre historique. De chaque côté, entrelacs de venelles et maisons à cour centrale serrées les unes aux autres, certaines en bon état. / UNESCO/ICONEM
Les premiers résultats d’Iconem révèlent qu’à Mossoul, les destructions les plus visibles, bordant les artères modernes, sont massives le long du Tigre. Tandis que les quartiers traditionnels – dérobés par le « mur de béton » des constructions des années 1970 –, sont moins détruits qu’il n’était craint. D’où l’espoir de pouvoir sauver nombre de vieilles maisons arabes serrées autour de leur cour centrale.
Mossoul 2018
Durée : 02:15