La presse arabe entre approbation et rejet de la décision de Trump sur l’accord avec l’Iran
La presse arabe entre approbation et rejet de la décision de Trump sur l’accord avec l’Iran
Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
Les médias égyptiens et du Golfe saluent le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, soutenant que « le temps est venu de tailler les griffes de l’Iran ».
Le président, Donald Trump, avec son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, à la Maison Blanche, le 3 avril 2017. / Evan Vucci / AP
Dans la presse arabe, les réactions à la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien oscillent sans suprise entre approbation et rejet, selon que le prisme de la publication est pro ou anti-américain.
« Le temps est venu de corriger les erreurs de l’administration Obama, écrit le quotidien semi-officiel égyptien Al-Ahram. Le temps est venu de tailler les griffes de l’Iran, d’affaiblir ses relations avec la Russie et de neutraliser la Syrie et le Yémen, tout en préservant les énormes gains que les entreprises d’armement américaines ont réalisé en jouant sur l’épouvantail iranien. »
L’Egypte est un allié historique des Etats-Unis et son président, Abdel Fattah Al-Sissi, entretient d’excellents rapports avec Donald Trump. La relation bilatérale s’est réchauffée après le départ de Barack Obama, qui avait critiqué le renversement en 2013 de Mohamed Morsi, le président issu des Frères musulmans, par M. Sissi, alors ministre de la défense. Washington verse depuis des décennies une aide annuelle de 1,2 milliards de dollars à l’armée égyptienne, qui a été légèrement amputée l’année dernière.
Arab News, quotidien anglophone d’Arabie saoudite, où la presse est strictement sous contrôle, reproduit l’un des principaux arguments employés par les dirigeants de Riyad pour plaider leur cause contre Téhéran. « Au lieu d’utiliser les milliards de dollars que l’accord sur le nucléaire lui a offerts pour renforcer son économie, élever le niveau de vie de ses habitants et prospérer, le régime iranien a choisi de continuer à sponsoriser le terrorisme et à semer le trouble, de Téhéran à Tanger, écrit Faisal Abbas, directeur de la rédaction du titre. Paris et Londres n’aiment peut-être pas la décision de Trump, mais comment se sentiraient les Français et les Britanniques si leurs capitales se retrouvaient sous la menace directe des Iraniens ? »
Accord nucléaire iranien : Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis
Durée : 03:49
Le quotidien Al-Ettihad, publié aux Emirats arabes unis, pays lui aussi privé de toute liberté d’expression, soutient que la décision de la Maison Blanche « corrige une situation qui était faussée depuis le début. L’Iran a interprété la signature de l’accord comme un feu vert pour imposer son contrôle sur la région et lâcher ses milices terroristes sur de nombreux pays arabes. »
A Beyrouth, le quotidien de gauche Al-Akhbar, traditionnel pourfendeur des politiques américaines au Proche-Orient, s’inquiète au contraire du fait que « le langage de l’escalade et des sanctions a remplacé le calme relatif qui régnait avec l’Iran. La trêve n’a pas duré plus de trois ans. Le président américain a renversé la table sur tout le monde ».
Dans un précédent éditorial, intitulé « Ce n’est pas le réveillon du nouvel an », publié samedi 5 mai, à la veille des élections législatives libanaises, le directeur de la rédaction d’Al-Akhbar, Ibrahim Al-Amine, avait appelé ses lecteurs à se préparer pour une guerre de grande envergure, « une confrontation globale, un développement qui nous saisira tous, sans exception, l’un de ces prochains jours ».
Notre sélection d’articles sur l’accord relatif au nucléaire iranien
Retrouvez les contenus de référence du Monde.fr sur l’accord sur le nucléaire iranien :
- les réponses à vos questions sur l’annonce du retrait américain de l’accord
- l’analyse de notre correspondant aux Etats-Unis, qui souligne que les décisions de Donal Trump « sont souvent en contradiction avec sa vision du monde ».
les points clés de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, conclu le 14 juillet 2015
ce qu’il faut savoir de l’accord, en sept questions ;
- l’analyse des promesses faites par Donald Trump durant la campagne présidentielle
- la tribune de parlementaires européens qui appellent leurs homologues américains à sauver l’accord sur le nucléaire ;
- les images de la visite d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis, où il a débattu de l’accord avec Donald Trump ;
- la chronique de Sylvie Kauffmann, pour qui, « sur le nucléaire iranien, le compte à rebours vers une sorte de catastrophe annoncée a commencé » ;
- la tribune de François Nicoullaud, ancien ambassadeur à Téhéran, qui appelle à « sortir par le haut de la crise du nucléaire avec l’Iran ».