TV – « Trust » : série noire sur la dynastie Getty
TV – « Trust » : série noire sur la dynastie Getty
Par Martine Delahaye
Après Ridley Scott, Danny Boyle s’empare de l’enlèvement de l’héritier de John Paul Getty, sans convaincre (sur Canal+ à 21 heures).
Trust Trailer Season 1 (2018) FX Series
Durée : 02:17
Dix ans après le long-métrage multi-oscarisé Slumdog Millionnaire, Danny Boyle, le réalisateur, et Simon Beaufoy, le scénariste, ont reformé leur duo pour proposer Trust, une série fortement inspirée de la réalité. Si, sur le même sujet, Ridley Scott, dans Tout l’argent du monde (2017), se focalisait sur le kidnapping bien réel du jeune John Paul Getty III par la’Ndrangheta, en 1973, dans Trust, l’enlèvement par la mafia calabraise du petit-fils du milliardaire J. Paul Getty se révèle un prétexte pour explorer le style de vie de cette dynastie parmi les plus riches du monde – avec ses excentricités et ses frustrations, ses addictions et ses détestations.
Dans la famille Getty se démarque tout particulièrement le patriarche, J. Paul Getty, glaçant personnage auquel Donald Sutherland apporte toute sa superbe. Installé avec ses quatre compagnes, sa lionne et ses domestiques dans le château de Sutton Place, près de Londres, il y est lourdement apparenté au roi Lear dès les premiers instants. En effet, son fils aîné, George, vient de se suicider à Hollywood. Ce qui donne lieu, en ouverture du premier épisode, à un faux plan-séquence opposant la facticité du lieu à la crudité du suicide.
Construction ennuyeuse
Le patriarche se voit donc contraint de chercher parmi sa descendance un nouveau successeur, à même de prendre les rênes de la Getty Oil Company. Assimilant ses autres fils à des bons à rien, il a à peine le temps de découvrir que son petit-fils John Paul Getty III n’est pas un idiot inculte que celui-ci est enlevé à Rome par la mafia calabraise…
Michael Esper incarne J. Paul Getty Jr. dans « Trust », série réalisée par Danny Boyle. / FOX
Malheureusement, ni l’aspect farcesque de cette famille ni le jeu de Sutherland ne sauraient sauver Trust, dont on a eu du mal à supporter la réalisation – qui surligne une stylisation propre aux années 1970 – tout autant que la construction, qui engendre l’ennui. A l’opposé du volet d’American Crime Story consacré à O. J. Simpson, passionnant bien que fondé sur des faits fort bien connus, Trust ne dessine aucune perspective sociale. Et l’oscillation entre l’outrance du soap et le souci du détail réaliste tue toute possibilité d’émotion.
Trust, série réalisée par Danny Boyle. Avec Donald Sutherland, Harris Dickinson, Hilary Swank, Brendan Fraser (GB et EU, 2018, 10 × 52 min).