Droits du foot : Mediapro, un grand d’Espagne à l’accent chinois
Droits du foot : Mediapro, un grand d’Espagne à l’accent chinois
LE MONDE ECONOMIE
Inconnu en France, le groupe a remporté l’essentiel de l’appel d’offres pour les saisons 2020-2024 de la Ligue 1, au détriment de Canal+.
Le joueur du FC Barcelone Andres Iniesta, lors d’une rencontre du championnat de football espagnol face au Real Sociedad, à Barcelone, le 20 mai. / Albert Gea / REUTERS
Qui est Mediapro, qui vient de ravir à la barbe de tous les autres postulants le droit de diffuser huit des dix matchs de chaque journée de Ligue 1 entre 2020 et 2024 ? En France, le groupe est inconnu. Est-ce un revendeur de droits à la stratégie mouvante, de surcroît contrôlé par un fonds chinois, comme le sous-entend Canal+ ? Ou un nouvel entrant très sérieux, déjà rompu à la diffusion du championnat de football le plus puissant du monde, la Liga espagnole ? Les deux visions ne sont pas fausses mais la seconde est plus proche de la vérité.
Mediapro a été créé en 1994 à Barcelone par le Catalan Jaume Roures, une figure du cinéma et de l’audiovisuel, notamment producteur de films de Woody Allen. Souvent décrit comme trotskiste et nationaliste catalan, cet ancien journaliste a construit un groupe audiovisuel important, Imagina, en fusionnant avec un autre acteur en 2006.
L’acteur fort du fooball hispanique
La partie Mediapro est aujourd’hui l’acteur fort du football espagnol, avec sa propre chaîne consacrée au championnat distribuée par tous types d’opérateurs. ll est aussi producteur exécutif de Real Madrid TV ou de Barça TV, les chaînes des deux clubs les plus prestigieux du monde. Mediapro est aussi le partenaire avec lequel le qatari BeIN Sports s’est lancé en Espagne en 2015. Le groupe revendique 6 000 salariés dans le monde.
En France, Mediapro souhaite éditer une chaîne spécialisée dans le championnat, comme en Espagne, et non revendre ses droits, précise la Ligue de football professionnel. Cela n’empêche pas Canal+ d’espérer nouer un accord de distribution de cette chaîne ou racheter une partie des droits. Sous-entendant que Mediapro avait surpayé la Ligue 1, le groupe français a mis en doute sa solidité. Le rival espagnol est effectivement détenu par le fonds privé chinois Orient Hontai Capital (53,5 %) et le groupe publicitaire britannique WPP (22,5 %). Et, mardi, il a connu un revers avec l’annulation du contrat par lequel il avait remporté les droits du championnat italien. En effet, Mediapro a refusé de verser des garanties après que son projet de revente des droits a été retoqué par un tribunal saisi par le concurrent Sky. En France, Canal+ n’exclut pas non plus un recours. Et espère que le bras de fer aura un « deuxième round ».