A Toulouse, Edouard Philippe au contact d’habitants qui connaissent mal le gouvernement
A Toulouse, Edouard Philippe au contact d’habitants qui connaissent mal le gouvernement
Par Virginie Malingre (Toulouse, envoyée spéciale)
Le premier ministre a procédé à une nouvelle opération de « délocalisation » de Matignon.
Le premier ministre, Edouard Philippe, à l’Ehpad de Beauchalot (Haute-Garonne), le 7 juin 2018. / ULRICH LEBEUF / M.Y.O.P POUR LE MONDE
« Bonjour, je m’appelle Edouard, je suis le premier ministre. » Le chef du gouvernement, visiblement très ému, s’adresse à un homme âgé en chaise roulante, dans l’Ehpad de La Bastide, à Beauchalot (Haute-Garonne). « Bonjour, je suis la ministre de la santé », répète Agnès Buzyn à tous les résidents de la maison de retraite. Jeudi 7 juin, Edouard Philippe, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, a passé sa deuxième journée à Toulouse et dans les environs pour une nouvelle opération délocalisation de Matignon.
Cette fois-ci, le premier ministre a donné une coloration sociale à son déplacement. Avant l’Ehpad, il a passé quelques heures dans le quartier réputé difficile du Mirail, où il a assisté à un forum sur « le développement économique et l’emploi des quartiers » avant d’aller sur un chantier symbolique du programme de rénovation urbaine de la Ville rose. Vendredi, il devait, accompagné notamment de la ministre du travail, Nicole Pénicaud, visiter une usine Safran qui emploie des personnes handicapées. Avant de s’intéresser à la réinsertion par l’emploi des détenus du centre de détention de Muret, aux côtés cette fois de la garde des sceaux, Nicole Belloubet.
Comité d’accueil
« Tiens, c’est un ministre ! », lance un passant, alors qu’il flâne quelques minutes dans une rue du Mirail. « Lequel ? », lui demande son ami. « Le grand, mais je ne sais plus de quoi il est ministre. » Une femme le reconnaît et l’accoste pour lui parler de « la claque » qu’elle a reçue quand elle a découvert que sa retraite avait baissé à la suite de la baisse de la CSG. Un boulanger veut lui faire part de ses problèmes à recruter – « Je paye une annonce sur Leboncoin depuis sept mois » –, mais le service d’ordre l’empêchera d’aller au bout de sa démarche.
A la mi-journée, c’est un comité d’accueil de quelques centaines de manifestants – des cheminots et des délégués CGT – qui l’attend devant le conseil départemental. Un peu plus tard, lorsqu’il signe avec la métropole un « contrat de maîtrise de la dépense locale » dans la commune de Mondouzil, la CGT coupera l’électricité dans ce village, désactivant au passage la climatisation et les micros.
« Si je suis ici, explique l’ancien maire du Havre devant des résidents de l’Ehpad, c’est pour venir discuter dans le détail des décisions que le gouvernement a prises ou s’apprête à prendre. » Et il emmène avec lui une grande partie de son cabinet, pour qui ce doit aussi être l’occasion de se confronter au terrain. « Une quarantaine de conseillers ont fait le déplacement, détaille son entourage, ils ont généralement leur propre agenda avec des rendez-vous – administration locale, associations… – sur les sujets qui les concernent. »
« Casser le carcan »
En venant presque trois jours à Toulouse, Edouard Philippe a aussi voulu témoigner de son « amitié » et de son « estime » à Jean-Luc Moudenc, le maire (LR) de Toulouse, alors que, comme l’a récemment formulé Christophe Castaner, La République en marche pourrait soutenir des candidats LR ou PS pour les élections municipales de 2020. Un soutien que Jean-Luc Moudenc accueillerait « avec naturel », d’ailleurs il a déjà « quatre élus LRM dans sa majorité ». « Il nous faut casser le carcan des postures politiques et des appartenances partisanes. C’est ce que vous faites avec le président Macron et c’est ce que nous tentons de faire à plus petite échelle », a lancé à son hôte, dans un élan très macronien, l’élu de droite, qui a concédé avoir déjà eu un contact avec Christophe Castaner.
« Ce n’est pas à l’ordre du jour », juge Pierre Casteras, référent LRM en Haute-Garonne, pour qui l’urgence est déjà de mieux expliquer aux marcheurs la politique du gouvernement. « Oui, on peut soutenir un membre de LR », poursuit cet ancien socialiste, « mais pour l’instant les marcheurs se posent des questions sur certains aspects de la politique d’Emmanuel Macron. Il faut faire de la pédagogie sur certaines décisions comme la hausse de la CSG pour les retraités. »
C’est justement ce qu’a fait Edouard Philippe jeudi soir, en se rendant à une réunion de marcheurs à Grenade. Une première pour le premier ministre qui, bien qu’ayant été exclu de LR, n’a jamais souhaité adhérer à La République en marche.