Dans le cadre de la réforme des retraites, dont le contenu doit être dévoilé au premier semestre 2019, les modalités des pensions de réversion doivent en effet être totalement remises à plat. / Achim Sass/Westend61 / Photononstop

Après le décès de votre conjoint, vous pouvez toucher, sous conditions, une fraction de ses pensions : c’est la réversion. Si la polémique sur la suppression de ce dispositif, profitant essentiellement aux femmes, semble tarie, le débat sur son avenir est loin d’être clos. Dans le cadre de la réforme des retraites, dont le contenu doit être dévoilé au premier semestre 2019, les modalités des pensions de réversion, encore appelées « pensions de droit dérivé », doivent en effet être totalement remises à plat. Qui bénéficie du système actuel ? Comment fonctionne-t-il ? Dix chiffres pour mieux comprendre.

  • 4,4 millions de bénéficiaires

Fin 2016, 4,4 millions de personnes touchaient une pension de réversion, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui publie chaque année le rapport « Les retraités et la retraite ». Soit un quart des 17,2 millions de retraités. C’est 6,4 % de plus qu’en 2006.

  • 36 milliards d’euros en 2016

Sur les 308 milliards d’euros de pensions versés en 2016 par les régimes de base et complémentaires, les réversions ont représenté 36 milliards, selon cette même source, soit 11,7 %.

  • 89 % de femmes

Près de neuf bénéficiaires sur dix sont des femmes. « Leur longévité et le fait qu’elles sont en moyenne deux à trois ans plus jeunes que leur conjoint expliquent pour une bonne part cette situation », détaille la Drees. En outre, lorsqu’ils sont veufs, les hommes, en raison de leur niveau de pension de droit direct souvent plus élevé, ont des revenus qui dépassent plus fréquemment le plafond de ressources pour être éligibles à la réversion, quand celle-ci est soumise à condition. »

  • L’écart hommes-femmes ramené à 25 %

Si l’on ne compte que les pensions de droits directs, issues des droits propres des assurés, les femmes touchaient en moyenne, fin 2016, 38,8 % de moins que les hommes (c’était 45,8 % en 2004). En ajoutant les pensions de réversion, cet écart se réduit à 25 %. Selon les dernières projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), cette différence ne serait toutefois plus « que » de l’ordre de 10 % à l’horizon 2070, à législation constante, et réversions comprises là aussi.

  • Un quart ne touche pas de pension propre

Les bénéficiaires de réversions sont 1,1 million à ne pas toucher d’autre pension, « soit parce qu’ils n’ont pas encore liquidé leurs droits propres, soit parce qu’ils n’ont pas travaillé – du moins en France – ou pas suffisamment pour recevoir à ce titre une pension sous forme de rente », explique la Drees. Les femmes représentent 96 % des bénéficiaires de réversions ne percevant aucune autre pension.

  • Souvent à partir de 55 ans

La plupart des régimes n’accordent la réversion qu’à partir d’un certain âge, qui varie entre 50 et 65 ans. C’est le plus souvent 55 ans. Il n’y a en revanche pas d’âge minimal dans les régimes de la Fonction publique.

Bon à savoir : Les conditions s’appliquant aux réversions sont celles imposées par le(s) régime(s) de retraite de l’assuré décédé, pas par le(s) régime(s) dont dépend le veuf ou la veuve. Et attention, les critères d’éligibilité diffèrent d’un régime à l’autre. Points communs toutefois : il faut dans tous les cas avoir été marié avec le défunt et effectuer une demande (le versement n’est pas automatique).

  • 20 550,40 € = plafond de ressources au régime général

Plusieurs régimes versent des pensions de réversion quelles que soient les ressources des veufs et veuves. C’est le cas de la plupart des régimes complémentaires, et des caisses de la Fonction publique. En revanche, dans les régimes de base des salariés, des commerçants et artisans ou encore des libéraux (hors avocats), les ressources annuelles du survivant ne doivent pas dépasser, en 2018, 20 550,40 € pour une personne seule et 32 880,64 € pour une personne en couple. Attention, toutes les ressources ne sont pas forcément prises en compte dans le calcul, renseignez-vous auprès de votre régime.

  • 50 à 60 % de la pension du défunt

S’il remplit les conditions imposées par le régime de son ancien conjoint, le survivant touchera au final entre 50 % et 60 % de la pension du défunt (hors exceptions), le taux variant d’un régime à l’autre. C’est, par exemple, 50 % chez les fonctionnaires, 54 % au régime de base des salariés (avec majoration possible pour les plus âgés et les plus modestes), 60 % pour les pensions complémentaires du privé Agirc-Arrco. A noter que la réversion peut être versée même si le défunt n’était pas encore à la retraite.

  • 607 € bruts par mois

Montant moyen de la réversion : 607 € bruts par mois fin 2012, selon cette autre étude de la Drees, publiée en 2016. C’est 642 € pour les veuves et 304 € pour les veufs. Pour les femmes concernées par la réversion, « son montant représente, en moyenne, la moitié de la retraite globale perçue », est-il précisé.

  • 2,3 réversions en moyenne

Les bénéficiaires de la réversion perçoivent en moyenne 2,3 pensions de droit dérivé différentes, précise encore la Drees (leur conjoint a souvent cotisé à plusieurs régimes).