En Afghanistan, le pouvoir propose un cessez-le-feu aux talibans pour l’Aïd-el-Kébir
En Afghanistan, le pouvoir propose un cessez-le-feu aux talibans pour l’Aïd-el-Kébir
Après un regain de violences, le président Ashraf Ghani a proposé une trêve jusqu’au 21 novembre, mais les talibans n’ont pas donné de réponse.
Le président afghan, Ashraf Ghani, a décrété, dimanche 19 août, un cessez-le-feu pour l’Aïd-el-Kébir, la fête musulmane du sacrifice, après des journées d’intenses combats dans le centre du pays, et dans la province de Faryab, dans le Nord. Il s’exprimait lors d’une cérémonie de commémoration de l’indépendance :
« J’annonce à nouveau un cessez-le-feu à partir de demain [lundi] jusqu’à l’anniversaire du prophète [le 21 novembre] à condition que les talibans fassent de même. »
Les talibans n’ont pas communiqué de réponse officielle à la proposition du chef de l’Etat afghan. Quelques heures après son intervention, les insurgés ont fait savoir qu’ils libéreraient lundi des « centaines » de « prisonniers ennemis » « pour qu’ils puissent passer l’Aïd avec leurs familles et amis ». Il était toutefois difficile de savoir à quels détenus référaient les talibans qui n’ont, depuis lors, pas communiqué sur le cessez-le-feu.
Regain de violence
Dans des communiqués séparés, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ont salué l’initiative du président Ghani. L’annonce du cessez-le-feu a aussi été immédiatement soutenue par le Pakistan, pays voisin accusé par les autorités afghanes d’aider les insurgés, notamment en leur fournissant des refuges de son côté de la frontière.
Il n’est toutefois pas précisé si les forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan marqueront également ce cessez-le-feu. Le président Ghani n’a pas non plus évoqué l’organisation Etat islamique (EI), dont les attaques sont particulièrement meurtrières pour les civils.
La proposition de cessez-le-feu intervient après dix derniers jours extrêmement violents. Le 9 août, les talibans ont lancé un assaut contre Ghazni, ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul. L’armée afghane, appuyée par des raids aériens américains, a peiné plusieurs jours à les repousser. Le ministre afghan de la défense a communiqué un bilan d’au moins 100 membres des forces de sécurité tués dans la bataille, ainsi que de 20 à 30 civils. Selon le représentant spécial de l’ONU, les estimations s’élèveraient plutôt de « 110 à 150 victimes » civiles à Ghazni.
Les talibans ont également conquis une base de l’armée afghane dans le Nord-Ouest tandis qu’un attentat de l’organisation Etat islamique (EI) dans une école de Kaboul a tué au moins 37 personnes, pour la plupart des adolescents.
Un cessez-le-feu observé en juin
Selon un représentant du ministère de l’intérieur, des combats ont éclaté samedi dans la province de Faryab, où les talibans se sont emparés d’une partie du district de Bulcheragh. Une cinquantaine de membres des forces gouvernementales y ont été portés disparus.
Environ 140 personnes ont été brièvement kidnappées lundi matin dans la province de Kunduz (Nord), avant d’être remises en liberté, a déclaré le porte-parole du ministère de l’intérieur, Najib Danish, incapable de dire qui était derrière ces événements.
Depuis le retrait de la plupart des forces étrangères de combat, en 2014, les talibans ont repris du terrain aux forces de sécurité afghanes, qui ne contrôlent, désormais, que moins de 60 % du pays. D’après les Nations unies, plus de 1 600 civils ont péri au cours de six premiers mois de l’année 2018 dans des explosions, des attentats-suicides ou des combats, soit le chiffre le plus élevé de ces dix dernières années.
Ashraf Ghani avait déjà proclamé une trêve unilatérale de deux semaines en juin, à la fin du ramadan. Les talibans avaient alors cessé le combat pendant trois jours. Ce cessez-le-feu, qui constituait une première, avait suscité des espoirs de possibles pourparlers de paix, après dix-sept ans de conflit. Mais de nouvelles attaques s’étaient produites les semaines suivantes.