Nouveau mystère animalier : les perroquets qui rougissent d’émotion
Nouveau mystère animalier : les perroquets qui rougissent d’émotion
Une équipe française a observé rigoureusement le phénomène pour la première fois, chez cinq aras du zoo de Beauval.
Un perroquet ara ararauna. / Pixabay/Creative Commons CC0
Et si les perroquets rougissaient comme les humains dans des situations d’émotions vives ? Si les chercheurs sont encore loin de comprendre le mécanisme exact, une équipe française dit avoir observé rigoureusement le phénomène pour la première fois, chez cinq aras du zoo de Beauval (Loir-et-Cher). Ils ont publié leurs résultats dans la revue scientifique américaine PLOS One mercredi 22 août.
Une partie des joues du ara bleu et jaune (Ara ararauna) est nue, sans plumes. Cette peau blanche rougissait lors d’interactions avec les soigneurs, lors de moments considérés comme « positifs » pour les volatiles. « Les oiseaux n’ont pas de muscles sur la face, explique à l’Agence France-Presse Aline Bertin, chargée de recherche à l’INRA, qui a dirigé l’expérience. Ils n’ont jamais été étudiés pour leurs expressions faciales. »
Anecdotiquement, les propriétaires d’aras avaient remarqué ces rougissements, tout comme chez quelques autres oiseaux sauvages. Les joues sont irriguées de vaisseaux sanguins, comme chez les humains. Mais il fallait encore documenter le phénomène.
Parades sexuelles ou situations de conflit
L’expérience a consisté à filmer et photographier les oiseaux, sur un perchoir d’une volière de Beauval, lors d’interactions organisées avec les animaliers qui s’occupent habituellement d’eux. Le plus souvent, il ressortait de ces dernières que la peau des oiseaux, autour des yeux, se mettait à rougir.
L’étude est limitée par le petit échantillon, seulement cinq volatiles. Et elle ne permet pas de conclure formellement sur la raison du rougissement. « On ne sait pas si les oiseaux peuvent ressentir des émotions positives », souligne Aline Bertin. Mais ces travaux posent les jalons de futures expériences, en créant une méthode qui permettra de « mieux comprendre la sensibilité des oiseaux ».
Les connaissances sont encore très limitées sur la partie « sensibilité » du cerveau des volatiles, alors qu’elles sont très avancées sur leur intelligence, comparable à celle des mammifères. Nombre d’entre eux savent utiliser des outils et résoudre des problèmes.
Côté émotion et stress, les scientifiques ont jusqu’à présent surtout décrit les parades sexuelles ou les situations de conflit, lors desquelles ce sont les plumes qui sont principalement utilisées, en étant dressées ou lissées. Mais sur leurs émotions positives, la recherche est balbutiante : « On n’imagine pas que l’oiseau peut avoir un monde émotionnel aussi complexe qu’un primate, un chien ou un chat. »