Olivier Faure propose à la gauche « des combats communs »
Olivier Faure propose à la gauche « des combats communs »
Par Astrid de Villaines
Sur le modèle de la motion de censure de gauche, le chef de file des socialistes propose l’« union des voix » sur la question du glyphosate, des réfugiés et de l’égalité hommes-femmes.
Olivier Faure, le 8 avril 2018. / Thibault Camus / AP
L’image est symbolique. Pour conclure l’université d’été des élus du parti socialiste qui se tenait à La Rochelle du 23 au 25 août, Olivier Faure s’est retroussé les manches. Comme s’il voulait montrer qu’il était plus que jamais déterminé à prendre à bras-le-corps les nombreux défis qui l’attendent depuis son élection à la tête du parti socialiste, lors du congrès d’Aubervilliers le 8 avril.
Pendant près d’une heure, dans une salle à moitié vide, sans faste ni musique, le premier secrétaire a détaillé sa feuille de route pour les prochaines années et répondu point par point à toutes les critiques qui viennent de son aile gauche – Emmanuel Maurel n’a pas fait le déplacement en préférant aller à l’université d’été de Jean-Luc Mélenchon – et de son aile droite avec des hollandais qui réclament « plus de politique » selon Stéphane Le Foll et surtout moins de critiques envers l’ex-président de la République.
Malgré un lapsus révélateur : « François Hollande veut revenir… euh, redevenir un militant du Parti socialiste », le premier secrétaire a changé de ton vis-à-vis de l’ex-chef de l’Etat qu’il avait qualifié sur Public Sénat en juillet de « champion du déni » s’attirant la colère des hollandais. « François Hollande est à la fois celui qui nous a conduit à la victoire en 2012 et un acteur de notre présent : il joue un rôle important dans le dévoilement de l’imposture macroniste » loue son ancien directeur de cabinet adjoint à Solférino qui promet que l’inventaire du quinquennat « sans œillères et sans caricature » sera rendu au mois de novembre.
« Combats communs »
Le premier secrétaire, souvent accusé de ne pas être « à l’offensive » sur le plan politique a cette fois pris les devants en proposant aux autres formations politiques de gauche « des combats communs ». Une façon habile de tenter de se replacer au centre du jeu et de se faire entendre sur les thèmes de prédilection de ses concurrents à gauche.
Sur la question des réfugiés, chère à Benoît Hamon, le premier secrétaire a proposé « à tous les élus de gauche un engagement commun pour l’accueil et l’accompagnement des réfugiés ». Alors que La France insoumise étudie la possibilité de demander une commission d’enquête sur le glyphosate à l’Assemblée nationale, M. Faure rappelle « sans en tirer de gloire » : « Nous avons été les premiers à demander une commission d’enquête au Parlement européen ». « Unissons nos voix et nos forces pour demander au gouvernement sa suspension », propose-t-il à ses potentiels partenaires politiques.
Sur le modèle de la motion de censure commune aux trois groupes de gauche sur l’affaire Benalla, M. Faure insiste : « Ce que nous avons fait en juillet sur la question démocratique, nous devons pouvoir le reproduire sur des sujets d’intérêt général » en évoquant notamment la question de l’égalité hommes-femmes.
Les municipales en ligne de mire
Le député de Seine-et-Marne a enfin détaillé son calendrier pour les élections européennes de mai 2019 : le projet sera dévoilé en octobre et la liste avant décembre. « Les Français se moquent aujourd’hui de savoir qui sera tête de liste » évacue-t-il après avoir essuyé le refus du belge Paul Magnette cet été pour mener la bataille.
Le premier secrétaire, qui s’exprimait seulement devant quelques cadres de son camp comme le député Boris Vallaud ou sa numéro 2 Corinne Narrassiguin, a surtout mis le cap sur les élections municipales de 2020 « Notre première échéance » pour en faire la première démonstration de la « renaissance » de son parti.
Conscient que les élus socialistes bien implantés seront très convoités, il a annoncé la création d’une « charte » « pour nos candidats et ceux qui solliciteront notre soutien ». Exactement ce qu’avait proposé Jean-Luc Mélenchon aux législatives de 2017, lui qui aura besoin de s’allier dans certaines villes.
C’est à La Rochelle que le premier secrétaire lancera le coup d’envoi de cette campagne, lors des universités d’été du parti qui reverront le jour l’année prochaine. Avant cela, il faudra se retrousser les manches pour les européennes.