L’Unesco en appelle à la communauté internationale pour « faire revivre Mossoul »
L’Unesco en appelle à la communauté internationale pour « faire revivre Mossoul »
Par Hélène Sallon
L’initiative vise notamment à mobiliser l’ensemble des acteurs de la communauté internationale pour reconstruire le patrimoine culturel de la métropole du nord de l’Irak, détruit sous le règne de l’organisation Etat islamique (EI).
Dans la vieille ville de Mossoul, le 22 août. / KHALID AL-MOUSILY / REUTERS
La première réunion internationale autour de l’initiative de l’Unesco pour « Faire revivre l’esprit de Mossoul » s’ouvre, lundi 10 septembre, au siège de l’organisation à Paris. Elaborée en collaboration avec les autorités irakiennes, elle vise à mobiliser et fédérer l’ensemble des acteurs de la communauté internationale pour reconstruire le patrimoine culturel de la métropole du nord de l’Irak, détruit sous le règne de l’organisation Etat islamique (EI) et lors de sa reconquête ; réhabiliter le système éducatif ; et revitaliser la vie culturelle. « On observe un intérêt très fort de certains Etats. Certains projets ont déjà été signés mais c’est une initiative à long terme », confie-t-on à l’Unesco.
C’est en février, lors de la conférence sur la reconstruction de l’Irak à Koweït qu’Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, avait annoncé cette initiative, après avoir obtenu l’accord du premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi. L’implication de l’organisation internationale est la bienvenue pour Bagdad face à l’ampleur des destructions occasionnées dans la ville de deux millions d’habitants. Riche d’un patrimoine multiculturel et multiconfessionnel de plusieurs millénaires, Mossoul est tombée sous le règne de l’EI en juin 2014 et il a fallu neuf mois de combats pour aboutir à sa reconquête par les forces irakiennes, en juillet 2017. La ville a été inscrite en juin sur la liste indicative de l’Irak en vue d’une éventuelle inscription sur la liste du Patrimoine mondial.
« Reconstruction humaine »
Pour l’Unesco, qui renoue avec l’ambition des grandes campagnes qu’elle a menées, notamment en Nubie il y a plus de cinquante ans, la reconstruction humaine de Mossoul est l’enjeu qui sous-tend cette initiative, comme l’explique Audrey Azoulay :
« Nous souhaitons concentrer nos efforts sur la dimension humaine de la reconstruction de la ville à travers la promotion de la culture et de l’éducation. C’est seulement en réhabilitant l’héritage culturel commun et en revitalisant la vie culturelle et éducative que les Mossouliotes pourront de nouveau être acteurs du renouveau de leur pays. Telle est l’ambition de cette initiative d’ampleur inédite. »
« Il est important que ces signaux-là soient donnés, notamment pour le retour des réfugiés, mais notre devoir est précisément d’être là où nous sommes les plus utiles, là où les problèmes de coexistence entre les communautés se posent », ajoute une source au sein de l’organisation, qui ne cache pas les obstacles qui se dressent, à l’instar d’une situation sécuritaire volatile en Irak et de l’ampleur du chantier préalable de déblaiement, avec des corps et des pièges explosifs qui jonchent encore les décombres.
La reconstruction de la mosquée Al-Nouri et du minaret d’Al-Hadba, détruits lors des combats en juin 2017, est le projet emblématique de cette initiative. En avril, les Emirats arabes unis ont signé un partenariat avec l’Unesco pour reconstruire ces édifices religieux du XIIe siècle, symboles de Mossoul, en engageant 50,4 millions de dollars sur cinq ans. La ministre de la culture émirienne, Noura Al-Kaabi, sera présente lundi pour présenter l’avancement de ce projet, pour lequel les études techniques et historiques devraient durer un an. Des négociations ont également été entamées avec la monarchie golfienne pour financer d’autres projets phare, notamment des édifices religieux chrétiens.
Recensement des dommages encore en cours
Alors que le recensement des dommages occasionnés au patrimoine culturel est en cours, d’autres projets ont déjà été identifiés. Une majorité d’entre eux se situent dans la vieille ville, le cœur historique de Mossoul, pour laquelle un plan de réhabilitation urbain a été établi pour coordonner et établir les priorités dans les efforts de reconstruction.
La réhabilitation du réseau éducatif et d’un enseignement promouvant le pluralisme et la coexistence est un autre volet de cette initiative. Sous le règne de l’Etat islamique, des milliers d’enfants ont été déscolarisés et exposés à la propagande djihadiste. La reconstruction de la bibliothèque de l’université de Mossoul par plusieurs pays et acteurs internationaux devrait figurer au rang des annonces attendues à Paris lundi.
Dans la cour d’un des deux hôpitaux ayant rouvert à Mossoul, le 9 septembre. / WALEED AL-KHALID / AFP
Plusieurs pays ont manifesté leur intérêt pour des projets, au rang desquels l’Arabie saoudite, le Japon, ou des pays de l’Union européenne. Ces donateurs et partenaires de l’Unesco seront présents lundi à Paris, aux côtés d’une délégation des représentants politiques, religieux et du patrimoine irakien, ainsi que d’experts internationaux.