La pléthorique flotte automobile de l’administration polynésienne
La pléthorique flotte automobile de l’administration polynésienne
Par Patrick Roger
Selon un rapport de la chambre territoriale des comptes de la Polynésie française, la flotte automobile de l’administration est surdimensionnée et en « état critique ».
La chambre territoriale des comptes de la Polynésie française (276 000 habitants) est bien obligée d’en convenir : « Il est actuellement impossible de chiffrer avec exactitude la pléthore de véhicules » de l’administration dans ce territoire de l’océan Pacifique doté, depuis 1984, d’une large autonomie. En 2016, une tentative de reconstituer la situation des véhicules achetés par la collectivité a révélé que, pour plus d’un quart (27 %) d’entre eux, l’administration ignorait ce qu’ils étaient devenus.
Dans le rapport d’observation publié mercredi 26 juillet, la chambre décortique la flotte – hors cabinets ministériels – dont l’administration polynésienne est en mesure de fournir les données, soit 1 107 véhicules pour les 7 300 agents des services et établissements publics : 1 pour 6,5 agents. Un ratio qui grimpe à 1 pour 5,7 agents dans les services administratifs (858 véhicules pour 4 900 agents). La seule direction de l’agriculture compte 86 véhicules en circulation pour 295 agents.
Hormis la surabondance manifeste de la flotte toujours considérée en activité, celle-ci se caractérise également par sa vétusté. La chambre parle d’« état critique » : plus de quatre véhicules sur cinq (82 %) ont plus de dix ans, pas moins de 41 % de ceux-ci ayant été acquis pendant les années fastes – et dispendieuses – de 2003 à 2007. Le parc automobile a ainsi atteint une respectable moyenne d’âge de près de 14 ans. On y trouve même une Renault mise en circulation le 11 septembre 1978…
Politique d’achat incohérente
Combien sont encore en état de rouler ? Un rapport établi en août 2013 à la demande du gouvernement polynésien recensait 95 automobiles et 20 deux-roues à l’état d’épave. Dans cet inventaire portant sur 818 véhicules en service, 43 % étaient « en bon état de marche ». En effet, à la surabondance de biens automobiles se greffent les problèmes d’entretien dus, entre autres, à une politique d’achat incohérente : pas moins de 36 marques différentes coexistent au sein de cette flotte composite.
Selon le rapport, « la quasi-totalité du parc automobile a atteint des seuils de pollution critiques ». L’administration n’en continue pas moins à acquérir des modèles diesel : sur 26 véhicules achetés en 2016, 25 étaient des diesel. « Ce comportement d’achat confine à l’anachronisme », fustige la chambre, qui exige « une modernisation urgente » des méthodes de gestion et un renouvellement de la flotte pour « mettre fin aux inefficacités et aux gaspillages ». Sans cacher que ces mesures de rattrapage auront un coût à court terme, mais « c’est le prix de la remise à niveau ».
La réponse du président de la Polynésie française, Edouard Fritch, sollicité par la chambre territoriale, est pour le moins lacunaire : « Après avoir pris connaissance et analysé [le contenu du rapport], il ne nous a pas paru opportun de faire des remarques à son sujet. »