Jean-François Martin

Pour la neuvième fois, Le Monde et l’association Finansol récompensent des projets à forte valeur ajoutée sociale ou environnementale qui s’inscrivent dans la sphère de l’économie sociale et solidaire (ESS). Une économie parallèle très largement alimentée par la finance solidaire. Chaque lauréat reçoit une dotation de 5 000 euros grâce au soutien de nos partenaires : la MAIF, France active, la Fondation Crédit Coopératif et Mirova, la filiale de Natixis spécialisées dans l’investissement responsable. La cérémonie du lundi 5 novembre en début de soirée à la Maison des métallos, à Paris, marque de début de la Semaine de la finance solidaire, qui se tient jusqu’au 12 novembre.

La finance solidaire est dans une belle dynamique, avec des résultats concrets : 45 000 emplois créés ou consolidés, 3 700 personnes relogées, l’approvisionnement de 36 000 foyers en énergie renouvelable, 80 acteurs soutenus dans les pays en développement…

Mal connue, l’ESS pèse pourtant de façon significative dans l’économie française. Elle compte plus de 164 000 entreprises qui emploient près de 2,4 millions de salariés, soit 10,5 % de l’emploi en France et 14 % de l’emploi privé. Surtout, elle est souvent en pointe dans des secteurs dont le développement est vital pour l’avenir de la planète comme l’agriculture biologique, le traitement des déchets, la production d’énergie citoyenne et renouvelable. A court terme, l’ESS facilite l’insertion de populations en difficulté et contribue à la lutte contre le chômage.

La finance solidaire est, quant à elle, dans une belle dynamique. Fin 2017, l’encours de ce type d’épargne atteignait 11,5 milliards d’euros, soit une progression de 18,3 % sur un an. Avec des résultats concrets : 45 000 emplois créés ou consolidés, 3 700 personnes relogées, l’approvisionnement de 36 000 foyers en énergie renouvelable, 80 acteurs soutenus dans les pays en développement… Cependant, bien qu’en fort développement, la finance solidaire « reste méconnue dans l’opinion publique : elle ne représente que 0,23 % de l’épargne totale des Français », regrette Frédéric Tiberghien, le président de Finansol. Les produits de l’épargne solidaire ne sont pas mis en avant et « il faut souvent les demander à son banquier », souligne-t-il. Selon lui, du côté des pouvoirs publics, « l’écoute est sympathique, mais le passage à l’acte est difficile ».

Un budget en hausse de 25 %

La loi Pacte (projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises) qui a été votée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 9 octobre contient quelques mesures qui vont dans le bon sens. La suppression du forfait social – une contribution versée par l’employeur, prélevée sur les rémunérations ou gains non soumis aux cotisations et contributions sociales – dans les petites entreprises devrait permettre le développement de l’épargne salariale, qui à son tour devrait bénéficier à la finance solidaire, grâce notamment à l’essor des fonds dits « 90-10 » qui consacrent de 5 % à 10 % de leurs investissements aux entreprises agréées solidaires.

Comme c’est le cas pour l’épargne salariale, tous les contrats d’assurance-vie devront comporter des unités de compte solidaires ou vertes, ce qui favorisera à la fois le développement de la finance verte et de la finance solidaire. Autre nouveauté, l’agrément des entreprises solidaires d’utilité sociale (dites « ESUS »), éligibles à la finance solidaire, doit être assoupli. Par ailleurs, le pôle confié à Christophe Itier, haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale auprès du ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire, devait voir son budget augmenter de 25 % selon la loi de finances de 2019.

Des avancées sans doute, mais qui restent encore modestes face aux enjeux économiques, sociaux et écologiques portés par les entreprises du secteur solidaire.

Grands Prix de la finance solidaire, en partenariat avec France Info.

Les cinq lauréats 2018 :

Kopakama
Une coopérative agricole rwandaise qui transforme et commercialise du café issu d’une agriculture durable.

Les Petits Débrouillards Occitanie

Une association d’éducation populaire par la science, autour des enjeux liés aux transitions écologiques et sociales, pour les jeunes des quartiers.

Ercisol
Une coopérative qui produit et distribue de l’énergie renouvelable.

Coopérative Funéraire de Nantes

Une coopérative qui propose des prestations d’organisation d’obsèques dans une démarche respectueuse des publics accompagnés.

L’Envol
Un dispositif d’inclusion sociale et professionnelle par l’art en direction de jeunes décrochés scolaires ou jeunes adultes en situation d’échec et d’exclusion.