Pollution et cancers : des habitants de Fos-sur-mer portent plainte contre X
Pollution et cancers : des habitants de Fos-sur-mer portent plainte contre X
Le Monde.fr avec AFP
En 2017, une étude indépendante concluait que les femmes interrogées dans la zone de l’Étang de Berre avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale.
Les cheminées du site de Kem One, à Fos-sur-mer. / BORIS HORVAT / AFP
Des habitants de la zone industrielle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) ont porté plainte contre X vendredi 9 novembre auprès du tribunal d’Aix-en-Provence pour « mise en danger de la vie d’autrui » en raison de la pollution qu’ils subissent, a annoncé leur avocate Julie Andreu. En tout, 134 habitants, 6 associations et un syndicat, la CFDT des Métaux Fos, ont déposé une plainte.
« Après la publication de nombreuses études qui ont révélé une augmentation des maladies des habitants de la région, une angoisse légitime et compréhensible a poussé un nombre important de personnes à se joindre à cette plainte », écrivent les plaignants dans un communiqué. A de nombreuses reprises, estiment ces habitants d’une des plus grandes zone industrielle d’Europe, l’État a été sollicité et « n’a pas mis en oeuvre les outils indispensables à une véritable évaluation des risques ». « Las de l’immobilisme des pouvoirs publics, les associations se sont regroupées pour que la justice se saisisse de ce problème de santé majeur », concluent-ils.
Trois fois plus de cancers
Plusieurs entreprises sont directement visées par la plainte pour ne pas respecter les normes ou les recommandations préfectorales en matière d’émissions de polluants, comme Esso ou Kem One.
L’Union pour les Entreprises (UPE) des Bouches-du-Rhône a dénoncé cette action en justice: « les industriels ne sont pas des assassins ! », a écrit l’UPE dans un communiqué, demandant à la justice de rejeter la plainte. « Les industriels de l’Étang de Berre investissent régulièrement depuis de longues années en faveur d’une réduction de la pollution de l’air », a défendu l’UPE.
En mars 2018, pour la première fois, l’État, par le biais de l’Agence régionale de santé (ARS) avait reconnu que l’état de santé des habitants de la zone de Fos était « fragilisé » par la pollution. Un an plus tôt, une étude indépendante baptisée « Fos-Epseal » concluait que les femmes interrogées dans la zone avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale, ou encore que 63 % de l’échantillon interrogé déclarait une maladie chronique, contre 36 % en France.