WikiLeaks : des procureurs révèlent par erreur l’inculpation de Julian Assange aux Etats-Unis
WikiLeaks : des procureurs révèlent par erreur l’inculpation de Julian Assange aux Etats-Unis
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Pour éviter que le fondateur de WikiLeaks s’échappe, le parquet souhaitait garder confidentielles les charges pensant sur lui jusqu’à son arrestation.
Julian Assange lors d’une déclaration publique depuis le balcon de l’ambassade d’Equateur à Londres, le 19 mai 2017. / Peter Nicholls / REUTERS
C’est une procédure à laquelle Julian Assange s’attend depuis plusieurs mois. Le fondateur de WikiLeaks, qui a publié en 2010 des dizaines de milliers de documents diplomatiques et militaires américains, a été inculpé aux Etats-Unis, a annoncé WikiLeaks jeudi 15 novembre, dans la soirée. Des procureurs ont révélé par inadvertance, dans le cadre d’une autre affaire, l’existence de cette inculpation censée être secrète, a fait savoir l’organisation, dont la vocation est de permettre aux lanceurs d’alerte de rendre des documents publics.
La nature exacte des chefs d’accusation retenus contre M. Assange n’était pas connue immédiatement. « SCOOP : le département américain de la justice révèle “accidentellement” l’existence de chefs d’accusation secrets (ou de projets de tels chefs d’accusation) contre le directeur de WikiLeaks Julian Assange, dans ce qui semble être une erreur de copier-coller dans une autre affaire également instruite dans le district est de la Virginie », a rapporté WikiLeaks sur Twitter.
- Quelle est la situation de Julian Assange aujourd’hui ?
Julian Assange s’est réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres en juin 2012 après avoir obtenu l’asile du pays latino-américain, pour ne pas avoir à être envoyé en Suède où il était accusé de viol, un dossier classé depuis. L’Australien de 47 ans a dit craindre que les Etats-Unis ne demandent son extradition en raison de la publication en 2010 par WikiLeaks de milliers de documents secrets de l’armée américaine sur les guerres en Irak et en Afghanistan, révélant au passage plusieurs scandales.
- Quelle est la position des Etats-Unis vis-à-vis de Julian Assange ?
Jusqu’ici, il n’existait pas officiellement de poursuites contre Julian Assange aux Etats-Unis. Il y fait toutefois l’objet d’une enquête depuis 2010. Un jury s’était réuni en secret pour étudier le dossier, mais ce dernier n’avait progressé que très lentement ces dernières années.
En 2017, le ministre de la justice américain de l’époque, Jeff Sessions, avait affirmé que l’arrestation de Julian Assange était une « priorité ». Une réaction qui intervenait notamment après la publication par WikiLeaks d’outils d’espionnage de la CIA. Le directeur de l’agence de l’époque, Mike Pompeo, s’en était d’ailleurs depuis violemment pris à l’organisation de M. Assange, la qualifiant « de service de renseignement non étatique hostile, souvent soutenu par des acteurs étatiques comme la Russie ».
Depuis, le ton s’est encore durci, Donald Trump et Mike Pompeo, désormais ministre des affaires étrangères, ont demandé publiquement que des poursuites judiciaires soient engagées contre Julian Assange. Plusieurs représentants américains avaient également reconnu que le parquet fédéral sis à Alexandria, en Virginie, menait une enquête de longue haleine contre WikiLeaks et son fondateur. Depuis plusieurs mois, des médias américains affirmaient ainsi que les Etats-Unis préparaient une procédure pour inculper le fondateur de WikiLeaks.
- Que dit le document d’inculpation ?
Le document d’inculpation, qui porte un sceau précisant qu’il a initialement été enregistré auprès d’un tribunal d’Alexandria en août, demande à un juge de sceller tout élément d’une affaire pénale sans lien avec Assange. Selon un porte-parole du parquet, le dépôt a été effectué par erreur. « Ce n’était pas le nom voulu pour ce dépôt », a déclaré Joshua Stueve à Reuters.
D’après le document, le parquet cherche à garder confidentielles les charges pesant sur Julian Assange jusqu’à l’arrestation de ce dernier, une démarche essentielle selon le parquet pour garantir que le hackeur ne s’échappe pas, en vue d’éviter une arrestation et son extradition.