Football : les Bleus chutent face aux Pays-Bas
Football : les Bleus chutent face aux Pays-Bas
Par Rémi Dupré (Rotterdam (envoyé spécial)
Invaincus depuis quinze matchs, les champions du monde se sont inclinés (2-0), vendredi, contre les Hollandais et ne sont plus maîtres de leur destin en Ligue des nations.
L’équipe néerlandaise se réjouit de sa victoire. / EMMANUEL DUNAND / AFP
Un lion orange, les crocs acérés, en passe de plumer le coq gaulois… Le tifo déployé au coup d’envoi de la rencontre par le public du Stade Feyenoord de Rotterdam laissait augurer de la soirée qui attendait l’équipe de France. Désireux de s’offrir le scalp des champions du monde, les supporteurs néerlandais ont été exaucés : les Pays-Bas se sont imposés (2-0) avec la manière face aux Bleus, vendredi 16 novembre, lors de la cinquième journée de la phase de poules de la Ligue des nations.
Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web
Synonyme de retour sur terre, ce revers met un terme à la série d’invincibilité des joueurs du sélectionneur Didier Deschamps, qui n’avaient plus chuté depuis quinze matchs et une défaite (3-2) face à la Colombie, en mars, en amical. La débâcle de Rotterdam pourrait surtout être préjudiciable à l’équipe de France en Ligue des nations. Alors qu’ils n’avaient besoin que d’un nul pour valider leur qualification pour le « final four », les demi-finales du tournoi, programmées en juin 2019, les Tricolores ont sombré dans la cité portuaire. Là-même où la bande à Didier Deschamps et Zinédine Zidane avaient remporté l’Euro 2000.
S’ils conservent temporairement la tête de leur poule, avec un point d’avance sur les Hollandais, les Bleus ne sont plus maîtres de leur destin. En effet, en vertu d’une meilleure différence de buts (+4), les Bataves les écarteraient de la course au titre s’ils faisaient au moins match nul, lundi 19 novembre, à Gelsenkirchen, face à l’Allemagne, d’ores et déjà éliminée et rétrogradée en Ligue B l’an prochain.
« Ca ne dépend plus de nous »
Engoncé dans sa parka, Didier Deschamps n’a pas manqué de pointer « les insuffisances criantes » de ses joueurs, totalement dépassés, voire spectraux, en seconde période. Visiblement agacé, le patron des Bleus a vu dans ce faux pas « une part de décompression » post Mondial et n’a pas ménagé ses troupes en conférence de presse. « Ca fait mal. Notre objectif était d’assurer cette première place, c’est raté, a tempêté le Bayonnais, dont les changements se sont révélés inopérants. Ca ne dépend plus de nous. C’est une défaite logique. On a eu des manques, du déchet technique. Il n’y a pas photo. »
Dans l’auditorium du très évasé Stade Feyenoord, Didier Deschamps n’a pas essayé d’expliquer ce revers par la litanie d’absences, blessures et de forfaits (Paul Pogba, Anthony Martial, Lucas Hernandez, Benjamin Mendy, Alexandre Lacazette, Samuel Umtiti) à laquelle il a été confronté en cette trêve internationale de novembre. « Je préfère avoir tout le monde à disposition mais je ne vais pas trouver ça comme excuse. C’est une période difficile, il y a des blessés, mais avec les joueurs qui sont là, on doit être capables de faire mieux », a-t-il estimé en grimaçant.
Entre deux soupirs, le technicien a loué les qualités des « Oranje », absents lors de l’Euro 2016 et du Mondial 2018 et en pleine période de nouveau sous la houlette du sélectionneur Ronald Koeman. Nommée à la tête des Pays-Bas en février, la légende hollandaise peut s’enorgueillir d’avoir mis en pièces l’édifice tricolore après avoir renversé (3-0) l’Allemagne, en octobre. Avec ses artificiers Memphis Depay, Frenkie de Jong et Ryan Babel, l’équipe hollandaise a nettement dominé les Bleus en première période avant de tuer tout suspense lors du second acte.
Ancien joueur (1995-1997) et entraîneur (2011-2014) du Feyenoord Rotterdam, Ronald Koeman offre ainsi aux Pays-Bas, battus (2-1) sur le fil en septembre au Stade de France, un succès de prestige face aux champions du monde. Revanchards, les « Oranje » restaient sur cinq défaites consécutives contre les Tricolores : leur dernier succès en date face aux Bleus remontait à… juin 2008, lors du premier tour de l’Euro, organisé en Suisse et en Autriche. Soit une éternité.
Les arrêts de Hugo Lloris
« Les Pays-Bas ont eu beaucoup de situations et sans les parades de Hugo Lloris, ça aurait pu plus mal se passer encore », a admis, amer, Didier Deschamps. Il faut dire que le capitaine et gardien des Bleus a longtemps maintenu à flot ses partenaires. Dès l’entame de la rencontre, le portier de Tottenham a sauvé sa sélection en détournant une frappe supersonique de Ryan Babel (2e minute). Malgré un énième arrêt réflexe, il n’a rien pu faire sur l’ouverture du score signée, peu avant la mi-temps, par l’athlétique milieu Georginio Wijnaldum. Le but du joueur de Liverpool a alors fait chavirer les supporteurs hollandais, extatiques dans le froid mordant.
En seconde période, le public du Stade de Rotterdam a sautillé au gré des parades spectaculaires de Lloris. Complètement abandonné par sa défense, le gardien français a cru limiter la casse en repoussant, dans les arrêts de jeu, un tir puissant de Frenkie de Jong, au terme d’une contre-attaque éclair. Mais, peu avant le coup de sifflet final, l’arbitre anglais Anthony Taylor a désigné le point de penalty après une faute absurde du revenant Moussa Sissoko dans sa surface.
Sous les vivats de la « coulée orange », le Lyonnais Memphis Depay a alourdi l’addition en trompant Lloris d’une subtile « panenka ». Les joueurs hollandais ont ensuite fait un tour d’honneur tandis que les tribunes étaient illuminées par des lampions, semblables à des lucioles dans la nuit glaciale.
Impuissants voire fantomatiques sur la pelouse, les Bleus oscillaient entre déception et agacement après la rencontre. « On a été complètement dominés. On est passé à côté. On n’a pas été bons », a maugréé le milieu Blaise Matuidi tout en reconnaissant que son sélectionneur « était énervé ».
Pour leur dernière sortie de 2018, les Bleus devront se racheter face à l’Uruguay, mardi 20 novembre, en amical, au Stade de France. Afin de clore d’une toute autre manière cette année aussi grisante qu’exceptionnelle.