Alassane Plea, à Clairefontaine, samedi 17 novembre. / FRANCK FIFE / AFP

Ses premiers pas à Clairefontaine (Yvelines), au quartier général des Bleus, ont adouci l’atmosphère lors de cette trêve internationale un brin pesante, marquée par la défaite (2-0) aux Pays-Bas, vendredi 16 novembre, et l’élimination dans la course aux demi-finales de la Ligue des nations. A 25 ans, l’attaquant Alassane Plea a fait une entrée remarquée au sein du groupe tricolore, tout comme l’autre néophyte, le défenseur lyonnais Ferland Mendy.

Appelé à la rescousse après les forfaits d’Anthony Martial et d’Alexandre Lacazette, le joueur du Borussia Mönchengladbach, en Allemagne, a arboré un large sourire devant les journalistes, au moment de commenter sa première convocation en équipe de France.

L’actuel deuxième meilleur buteur de Bundesliga (huit réalisations) espère « apporter [sa] folie, [son] envie, [ses] qualités devant le but ». Devant les caméras, l’ex-buteur de l’OGC Nice (2014-2018) a surtout affiché sa volonté d’« apprendre » aux côtés des champions du monde.

Préconvoqué la saison dernière avec les Bleus, Plea n’a pas quitté le banc des remplaçants au Stade Feyenoord de Rotterdam, lors de la débâcle en Ligue des nations. Mais il pourrait honorer sa première sélection, mardi, lors de la venue de l’Uruguay au Stade de France, en amical.

Mue

Ce n’est pas un hasard si le joueur formé à l’Olympique lyonnais (2009-2014) a tapé dans l’œil de Didier Deschamps. Lequel s’est empressé de le mettre à l’aise à son arrivée au « château » de Clairefontaine. « Il m’a dit de me lâcher, de tout donner, de montrer mes qualités, de ne pas me mettre de pression », a confié Plea, au QG des Tricolores.

Le sélectionneur a notamment été séduit par la mue du jeune homme, jadis critiqué pour son manque de réalisme et désormais létal devant la cage. En atteste son triplé inscrit contre le Werder Brême, le 10 novembre, avec le Borussia Mönchengladbach, club qu’il a rejoint en juillet contre 25 millions d’euros.

Convoité par plusieurs équipes anglaises, dont Tottenham, Plea avait souhaité donner un nouveau sens à sa carrière et vivre une première expérience à l’étranger avec une formation « intermédiaire ».

Mönchengladbach, un club sécurisant

« Il y a eu des propositions émanant de clubs anglais, mais Alassane a toujours rêvé de la Bundesliga, un championnat où les attaquants se procurent beaucoup d’occasions, confie Stéphane Courbis, son agent depuis 2015. On savait qu’Alassane pouvait y briller. C’était son envie. Le Borussia Mönchengladbach est un club hyperstructuré, sécurisant, avec un beau stade, de nombreux abonnés. C’est un vrai choix tactique. Alassane a aussi l’occasion d’y avoir un statut de joueur majeur. »

Avant de rallier la Rhénanie-du-Nord - Westphalie, Plea a été convaincu par les arguments de l’entraîneur suisse Lucien Favre, apôtre d’une philosophie de jeu spectaculaire. Aux commandes de Nice (2016-2018), le Vaudois avait imposé sa patte lorsqu’il était sur le banc du Borussia Mönchengladbach (2011-2015), une formation qu’il connaît comme sa poche.

Avec l’ex-manageur de l’OGC Nice (2012-2016), Claude Puel, le technicien qui a lancé sa carrière, Lucien Favre est sans conteste l’un des pygmalions du jeune homme. Sous la houlette de l’Helvète, Plea n’a-t-il pas gonflé ses statistiques de manière éloquente, inscrivant 21 buts toutes compétitions confondues lors de son ultime saison à Nice ?

« Plus le niveau s’élève, plus il s’élève »

A Mönchengladbach, le natif de Lille aurait préféré évoluer dans l’axe de l’attaque du Borussia. Mais son entraîneur, Dieter Hecking, a décidé de le replacer à gauche, à partir du succès face au Bayern Munich (3-0), en octobre. Publiquement, l’intéressé ne s’en offusque guère et fait profil bas.

Cette première convocation en équipe de France va-t-elle accélérer la trajectoire de l’ailier, désireux de s’imposer en sélection malgré l’impressionnant réservoir offensif dont dispose Deschamps ? « C’est dans la continuité de ce qu’il réalise depuis un an et demi. Avant, il avait cumulé de longues blessures qui l’avaient parfois laissé indisponible durant quatre-cinq mois. Il avait notamment réalisé une très bonne dernière saison avec Nice. Cette convocation en équipe de France, après une première présélection, va lui apporter encore davantage de confiance », estime Stéphane Courbis.

« Il n’a que 25 ans. Il est à sa place en équipe de France, car il retrouve des joueurs qu’il avait côtoyés avec les sélections de jeunes (U18, U19, U20 ans et Espoirs), poursuit l’agent. Il est polyvalent, décontracté. Plus le niveau s’élève, plus il s’élève. »

Un pionnier dans le domaine de la philanthropie

En mars, l’attaquant s’était illustré sur un autre terrain, moins médiatique : la philanthropie. Selon nos informations, Plea était devenu le premier footballeur français à s’être engagé à reverser 1 % de son salaire annuel à un fonds de dotation à visée caritative, en l’occurrence celui créé par l’OGC Nice.

Selon nos estimations, Alassane Plea redistribuait autour de 14 000 euros annuels. Ses dons venant alimenter le fonds de dotation des Aiglons, initié pour mener des actions citoyennes, au niveau local, autour de « l’enfance et de la proximité avec les plus démunis ».

L’initiative faisait écho au projet « Common Goal », lancé en 2017 par l’ailier de Manchester United Juan Mata. L’Espagnol avait décidé de verser 1 % de son salaire annuel (l’équivalent de 80 000 euros) à une fondation regroupant des œuvres de charité destinées aux jeunes défavorisés. D’autres joueurs de renommée mondiale, comme l’Allemand Mats Hummels et l’Italien Giorgio Chiellini, l’ont depuis imité.

« C’est en partie Mata qui m’a fait réfléchir à la possibilité de donner un pourcentage de mon salaire, assurait, à l’époque, Alassane Plea au Monde. Simplement, de mon côté, j’ai préféré le faire par le biais de mon club. »

Désormais sous les feux de la rampe en Bundesliga, Plea espère s’imposer comme l’un des nouveaux visages de l’attaque des Bleus. Reste à savoir si Deschamps lui laissera sa chance, mardi, contre l’Uruguay.