« Gilets jaunes » : l’exécutif face à l’urgence
« Gilets jaunes » : l’exécutif face à l’urgence
Le premier ministre souhaite rencontrer, mardi, des représentants du mouvement à Matignon. Une réunion au sommet s’est tenue lundi soir à l’Elysée.
Lors d’une manifestation des « gilets jaunes », le 1er décembre, à Bordeaux. / NICOLAS TUCAT / AFP
Un premier geste important de l’exécutif semble imminent dans la crise des « gilets jaunes », dont Edouard Philippe souhaite rencontrer des représentants mardi 4 décembre à Matignon après avoir entendu de nombreux responsables politiques lui demander un moratoire sur la hausse des taxes affectant le carburant.
Une réunion au sommet s’est tenue lundi soir à l’Elysée autour du président de la République Emmanuel Macron, du premier ministre et une dizaine de ministres, dont ceux de la transition écologique François de Rugy et de l’économie Bruno Le Maire qui avaient écourté un déplacement à l’étranger.
L’Elysée, laissant augurer des annonces rapidement, a rapporté que cette entrevue avait « permis d’échanger sur les réponses à apporter aux mobilisations en cours ».
Emmanuel Macron à la manœuvre
Auparavant, le premier ministre avait reçu les chefs des formations politiques représentées au Parlement. Allié du parti présidentiel La République en marche (LRM), le MoDem a fait valoir « l’urgence » d’un « geste d’apaisement ». M. Philippe va « annoncer un geste d’ouverture fort dans les prochains jours », a assuré le ministre de la culture Franck Riester, convié à Matignon en tant que président du parti Agir.
A l’exception d’Europe Ecologie-Les Verts et de Génération Ecologie, toutes les formations d’opposition ont plaidé pour un « moratoire » dans la hausse prévue le 1er janvier des taxes sur le carburant, mot d’ordre initial du mouvement des « gilets jaunes » dont la dernière manifestation samedi a donné lieu à de nombreuses scènes de violence, notamment à Paris.
A droite, le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a de nouveau plaidé pour un référendum. La cheffe de file du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen et La France insoumise ont évoqué une dissolution de l’Assemblée, et le Parti socialiste (PS) a brandi une proposition de loi de « sortie de crise » avec des mesures en faveur du pouvoir d’achat.
S’il a envoyé son chef de gouvernement en première ligne, Emmanuel Macron semble néanmoins à la manœuvre. Sa visite officielle en Serbie, prévue mercredi et jeudi, a été reportée, tout comme une réunion de travail avec des associations d’élus locaux prévue mardi après-midi.
M. Philippe s’exprimera mardi matin devant le groupe LRM à l’Assemblée, puis lors de la séance de questions au gouvernement. Mercredi à l’Assemblée et jeudi au Sénat, il mènera un débat, a annoncé Matignon.
Gestion de l’ordre public
Le premier ministre doit également recevoir des « gilets jaunes » à Matignon après le fiasco de vendredi, quand deux personnes seulement avaient honoré un premier rendez-vous. Déjà, les représentants des « gilets jaunes libres », qui avaient appelé dimanche à une sortie de crise, ont annoncé qu’ils ne se rendraient pas rue de Varenne, notamment pour « raisons de sécurité ».
Parmi les membres historiques les plus connus du mouvement, Eric Drouet a appelé à l’intensification de la contestation lors de nouvelles manifestations samedi, plutôt que de « négocier avec un gouvernement qui perd de toute part ».
La gestion de l’ordre public est également au centre du débat politique. Déjà entendus lundi soir à l’Assemblée, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat Laurent Nunez s’en expliqueront mardi après-midi devant le Sénat.