Soudan du Sud : l’ONU réclame justice après des agressions sexuelles massives
Soudan du Sud : l’ONU réclame justice après des agressions sexuelles massives
Au cours des douze derniers jours, plus de 150 femmes et filles sont venus chercher de l’aide auprès avoir été violées ou brutalisées.
En juin 2017, une Sud-soudanaise de 32 ans violée pendant plusieurs jours par des soldats dans un camp pour réfugiés en Ouganda. / Ben Curtis / AP
Les Nations unies (ONU) ont dénoncé lundi 3 décembre les viols ou agressions sexuelles commis récemment à l’encontre de plus d’une centaine de femmes ou filles au Soudan du Sud par des hommes armés, dont plusieurs en uniforme. « Au cours des douze derniers jours », près de 150 d’entre elles sont venues chercher de l’aide, détaille dans un communiqué conjoint trois responsables onusiens, Henrietta Fore (Unicef), Mark Lowcock (Affaires humanitaires) et Natalia Kanem (Fonds des Nations unies pour la population).
« Nous appelons les autorités compétentes à dénoncer publiquement ces attaques et à s’assurer que leurs auteurs soient traduits en justice. Toutes les parties au conflit doivent s’acquitter de leurs obligations humanitaires internationales et cesser les attaques contre les civils. »
« Le secrétaire général [des Nations unies, Antonio Guterres] condamne fermement les attaques sexuelles brutales », ont indiqué lundi soir ses services.
« En dépit des engagements des dirigeants de ce pays à cesser les hostilités et à relancer le plan de paix, la situation sécuritaire pour les civils reste catastrophique, notamment pour les femmes et les enfants. »
Evoquant le recours aux violences sexuelles comme « tactique de guerre » récurrente dans le pays, M. Guterres souligne que de tels « comportements prédateurs contre les plus vulnérables sont inacceptables ». « Le secrétaire général exhorte les dirigeants de toutes les parties au conflit (...) à s’opposer à l’impunité pour ces crimes via des enquêtes et des poursuites judiciaires pour leurs auteurs. »
Des victimes âgées de moins de 10 ans
Vendredi, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) avait affirmé que 125 femmes et filles sud-soudanaises avaient été violées ou brutalisées en dix jours alors qu’elles cherchaient à s’approvisionner en nourriture fournie par des organisations humanitaires internationales autour de la ville de Bentiu, dans le nord du pays. Certaines des victimes sont âgées de moins de 10 ans, d’autres étaient enceintes ou avaient plus de 65 ans, avait précisé MSF.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 à Juba, lorsque le président Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’Etat.
Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380 000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-soudanais, soit près d’un tiers de la population, à s’enfuir.