Noël : cinq romans pour adolescents à offrir
Noël : cinq romans pour adolescents à offrir
Par Pauline Croquet
Sélection de pépites de littérature parues cette année, qui plairont aux amateurs de récits « young adult » (jeunes adultes).
Réconfortants, palpitants, émouvants… les romans pour adolescents et jeunes adultes se révèlent des compagnons parfaits pour s’évader pendant les vacances de Noël. Porté par des best-sellers internationaux et de nombreuses adaptations cinématographiques, ce genre rassemble des récits pour tous les appétits littéraires. Dans des registres différents, voici cinq romans à mettre au pied du sapin.
« La Faucheuse », « Le Renard et la Couronne » et « Elia, la passeuse d’âmes ». / Robert Laffont-Talents Hauts-PKJ
Une comédie romantique : « Brexit Romance »
Sous ses atours farfelus, Brexit Romance est l’un des ouvrages les plus personnels de la talentueuse Clémentine Beauvais, qui se considère comme « franglaise ». La romancière de 29 ans vit, en effet, au Royaume-Uni, où elle est chercheuse en sciences de l’éducation. Elle a eu l’idée de faire du référendum contre l’Union européenne de juin 2016 le sujet d’une comédie romantique destinée aux adolescents. Brexit Romance raconte comment Justine, une étudiante anglaise, décide de monter une entreprise facilitant les mariages blancs entre Français et Britanniques, manière de s’opposer au divorce entre son pays et l’Union européenne. Cette start-up clandestine va embarquer dans son aventure Marguerite, soliste française de 17 ans, et Pierre, son jeune professeur de chant. L’auteure exprime, à grand renfort de dialogues savoureux et de situations cocasses, les différences culturelles entre les deux rives de la Manche.
Brexit Romance, de Clémentine Beauvais, éditions Sarbacane, 456 pages, 17 euros.
Un roman d’aventures : « Le Renard et la Couronne »
A la fin du XIXe siècle. Dans une épopée qui mène de l’empire austro-hongrois à la France, Yann Fastier raconte le destin d’Ana, petite orpheline aux origines troubles recueillie d’abord par une bande d’enfants des rues puis adoptée par un naturaliste français. Devenue dix ans plus tard une jeune femme éduquée et libre, elle se retrouve bien malgré elle prise au cœur d’une conspiration et de querelles de pouvoir qui la dépassent, mais dont elle seule détient la clé.
A la manière des feuilletons et romans populaires, Yann Fastier s’amuse des codes et de la langue de l’époque pour offrir un récit moderne et féministe dans un écrin historique, où les femmes sont des guerrières et des tacticiennes hors pair, et les petites gens lancées à l’abordage du pouvoir. De cette prose dense, mais belle et facile à lire, et de ses péripéties enlevées, naît un magnifique récit d’aventures.
Le Renard et la Couronne, de Yann Fastier, éditions Talents hauts, 544 pages, 16 euros.
Un best-seller : « La Faucheuse »
Bienvenue dans l’ère de la postmortalité, où les humains, grâce aux progrès de la médecine, ne sont plus voués à mourir et peuvent même rajeunir à l’envi. C’est le point de départ de la trilogie de Neal Shusterman, dont les deux premiers tomes sont parus à ce jour. Dans cette série, la société vit globalement en paix depuis 2042, date à laquelle « la puissance informatique est devenue infinie ». Un nuage informatique surpuissant régit administrativement et politiquement les humains. La criminalité est en berne, mais un problème subsiste : la surpopulation, du fait de l’immortalité. Pour y pallier, l’humain est désormais chargé d’une seule tâche, celle de réguler sa population. Pour cela, des faucheurs sont désignés pour condamner certains de leurs congénères. Une tâche qui leur demande de faire preuve d’impartialité et de bon sens. Mais les condamne à vivre en marge.
Ni cynique ni mièvre, Neal Shusterman questionne l’humain face à la mort mais aussi ses peurs. C’est en devenant apprentis faucheurs que ses deux jeunes héros, Rowan et Citra, apprendront la cupidité humaine, la moralité mais aussi que les tâches les plus difficiles peuvent se mener avec justice.
La Faucheuse, « tome II : Thunderhead », de Neal Shusterman, éditions Robert Laffont, 576 pages, 19,50 euros.
Un roman engagé : « The Hate U Give »
« L’année de mes 12 ans mes parents ont eu deux conversations avec moi. La première, c’était sur les choux et les roses […]. La deuxième conversation, c’était pour m’expliquer quoi faire si un flic me contrôlait. Ça a énervé maman qui a dit à papa que j’étais trop jeune pour ça. Il a répondu qu’il n’y avait pas d’âge pour être arrêté ou se faire descendre. » Ces quelques phrases lâchées dès le premier chapitre par Starr, l’héroïne, peuvent résumer The Hate U Give.
Ce premier roman d’Angie Thomas, écrivaine trentenaire originaire du Mississippi, est raconté du point de vue d’une jeune femme noire de 16 ans qui assiste à la mort de son meilleur ami lors d’un contrôle de police. Starr, déjà écartelée entre sa vie dans un quartier pauvre gangrené par les gangs et sa scolarité dans un lycée de banlieue chic, va apprendre à relever la tête et se battre pour que justice soit rendue à son ami abattu alors qu’il était désarmé.
Inspiré par le mouvement Black Lives Matter [Les vies des Noirs comptent], qui dénonce aux Etats-Unis les violences policières et le racisme systémique contre les Noirs, l’ouvrage a été largement salué outre-Atlantique et adapté sur grand écran à l’automne.
The Hate U Give, d’Angie Thomas, traduit par Nathalie Bru, éditions Nathan, 496 pages, 17,95 euros.
Une dystopie : « Elia, la passeuse d’âmes »
Après avoir fait ses classes avec des histoires romantiques pleines de bonne humeur, la plume de Marie Vareille a pris un tournant plus sombre avec Elia, la passeuse d’âmes. Dans cette dystopie qui devrait s’achever en 2019, Elia, jeune femme bien née, va devoir s’enfuir pour sauver sa vie après avoir porté secours à un jeune Nosoba, membre de la caste pauvre, ouvrière, et sans droits. En se cachant parmi les laissés-pour-compte, elle va être confrontée à l’injustice, la faim et le danger permanent.
Dans « Saison froide », le deuxième tome, la romancière française de 33 ans cisèle la détermination politique de son héroïne qui intègre les forces armées pour retrouver sa petite sœur. Différence, solidarité et iniquité sont au cœur de cette série, qui, au passage, propose un exemple d’héroïne qui progresse grâce à sa propre persévérance et ne se construit pas à travers une relation sentimentale avec un homme.
Elia, la passeuse d’âmes, de Marie Vareille, éditions Pocket Jeunesse, 416 pages, 16,90 euros.