La chanteuse colombienne Shakira lors d’une fête de charité, à Barcelone (Espagne), le 28 mars 2017. / Manu Fernandez / AP

Le parquet de Barcelone a présenté, vendredi 14 décembre, un acte d’accusation contre la célèbre chanteuse colombienne Shakira. Après des mois d’enquête, l’artiste, résidente dans la cité catalane et mariée au joueur de football Gerard Piqué, est soupçonnée d’avoir utilisé une résidence fictive au Bahamas entre 2012 et 2014 afin d’éviter de s’acquitter de ses impôts en Espagne. La fraude s’élèverait à 14,5 millions d’euros, selon un rapport du fisc rendu public le 7 décembre, après un an d’enquête. Le procureur demande la mise en examen de Shakira et une caution de 19,4 millions d’euros et l’accuse de six délits.

La plainte du parquet se dirige aussi contre un avocat de New York soupçonné d’avoir aidé la reine de la pop latino à créer un « enchevêtrement de structures » utilisant plus d’une dizaine d’entreprises situées dans des paradis fiscaux pour cacher ses revenus au Trésor public. Ces derniers mois, les avocats de la chanteuse ont tenté de résoudre le conflit par la voie administrative. Ils ont assuré qu’il n’y avait pas de volonté réelle d’échapper à ses obligations fiscales en Espagne et que Shakira, de son nom complet Shakira Isabel Mebarak Ripoll, ne résidait pas encore à Barcelone à cette époque. Ils ont aussi rappelé qu’elle avait acheté de nombreuses années plus tôt sa maison au Bahamas pour y vivre avec son ancien compagnon, Antonio de la Rua.

Aucun jour aux Bahamas entre 2012 et 2014

Des arguments qu’a finalement rejetés le parquet, s’appuyant sur le fait que sa relation avec le défenseur du FC Barcelone avait déjà été rendue publique en 2012, que sa présence régulière à Barcelone puis dans la demeure qu’elle avait achetée à Esplugues de Llobregat, dans les environs de Barcelone, était notoire et que ses voyages étaient de courte durée, à l’exception de sa participation au programme The Voice aux Etats-Unis.

En 2012, elle aurait résidé 243 jours en Espagne, 212 jours en 2013 et 244 en 2014. Toute personne qui réside plus de la moitié de l’année en Espagne est tenu d’y payer ses impôts sur les revenus et le patrimoine, selon le texte du parquet. Entre 2012 et 2014, elle « n’aurait été physiquement aucun jour » aux Bahamas. Ce n’est qu’en 2015 qu’elle a établi sa résidence fiscale en Espagne.

Le nom de Shakira était apparu en 2017 dans les « Paradise Papers » – l’enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses quatre-vingt-seize médias partenaires, dont Le Monde, sur les mécanismes sophistiqués d’optimisation fiscale dont profitent les multinationales et les grandes fortunes mondiales –, comme étant l’administratrice depuis 2007 d’une société installée à Malte pour toucher ses droits d’auteur. Au site d’information El Confidencial, son avocat avait alors assuré que « l’artiste internationale a eu plusieurs résidences tout au long de sa vie professionnelle, tout en respectant toujours les lois des juridictions où elle résidait ».