Médicament : UPSA tombe dans l’escarcelle du japonais Taisho
Médicament : UPSA tombe dans l’escarcelle du japonais Taisho
LE MONDE ECONOMIE
Le groupe japonais propose un chèque de 1,6 milliard de dollars pour racheter la société d’Agen détenue par Bristol-Myers Squibb depuis 1994.
Un soulagement et beaucoup de questions. Mercredi 19 décembre, le groupe pharmaceutique américain Bristol-Myers Squibb (BMS) a annoncé la cession d’UPSA au japonais Taisho, afin d’investir dans l’oncologie. Pour obtenir le spécialiste des médicaments sans ordonnance Fervex, du Dafalgan ou de l’Efferalgan, la société japonaise débourse 1,6 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros). La procédure de rachat doit être bouclée à la fin du premier semestre 2019.
« Cette somme est significativement plus élevée que ce qu’offraient ses concurrents », assure-t-on dans l’entourage d’un candidat non retenu. Quatre autres sociétés avaient participé aux enchères : les fonds PAI et Cinven, ainsi que deux spécialistes des médicaments sans ordonnance (« over the counter », ou OTC, en anglais), l’allemand Stada et l’italien Angelini.
Et c’est donc le groupe japonais, créé en 1912, qui a mis la main sur cette institution française fondée en 1935. Avec un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros, Taisho est le premier acteur japonais de l’OTC avec une offre d’analgésiques anti-inflammatoires, de médicaments contre le rhume-état grippal et pour la croissance capillaire. En 2009, il avait déjà racheté à BMS son activité OTC en Asie. Et depuis, le groupe cherche à se développer sur d’autres continents.
Des marques connues mais laissées en déshérence
Avec UPSA, qui compte 1 400 salariés à Agen, le japonais peut partir sur une bonne base. Le groupe français, cédé par sa famille fondatrice en 1994 à BMS, a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 425 millions et 100 millions de résultat net. Ses marques Efferalgan, Fervex ou Dafalgan sont extrêmement connues, cependant, regrettent les syndicats, elles ont été laissées un peu en déshérence.
« BMS a réduit ses dépenses en marketing et en communication, regrette Patrick Lopez, délégué syndical SUD Chimie d’UPSA. Et la concurrence, notamment de Doliprane, une marque de Sanofi, est extrêmement forte. » La conséquence a été une baisse, ces dernières années, de la production de médicaments à Agen.
« Alors que nos installations industrielles sont modernes et en capacité de fabriquer 400 millions de boîtes par an, nous sommes aujourd’hui plutôt autour de 300 millions, souligne Bruno Bourthol de FO. Ce qui nous intéresse, avec le repreneur, c’est de connaître son plan industriel. » « Nous avons été longtemps une vache à lait pour BMS, qui utilisait nos ressources pour investir dans d’autres secteurs », assure M. Lopez.
Importantes transactions dans le secteur
À Agen, UPSA est le plus gros employeur privé du Lot-et-Garonne. « À ce titre, de nombreux fournisseurs dépendent de nous. Il faut donc que le repreneur s’engage à investir pour pérenniser l’empreinte industrielle de la société », complète le syndicaliste de SUD Chimie.
En 2018, d’importantes transactions ont eu lieu dans le secteur des médicaments sans ordonnance. L’américain Procter & Gamble a ainsi acquis les activités de santé grand public du laboratoire allemand Merck KGaA, en avril, tandis que GlaxoSmithKline (GSK) a racheté au suisse Novartis sa participation dans leur coentreprise de santé grand public pour 13 milliards de dollars (10,4 milliards d’euros).
Mercredi, ce même GSK a annoncé la création d’une nouvelle coentreprise pour les médicaments sans ordonnance avec Pfizer. Elle vendra l’anti-inflammatoire Voltarène, l’antidouleur au paracétamol Panadol ou encore l’ibuprofène Advil, et devrait réaliser plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.